Notable à Mbarnam-Ngaoundal, apiculteur de plus de trente ans s’est bâti en répandant son nectar par-delà les frontières de l’Adamaoua.
« Yérima N’djoumri » (Prince du miel) ou « Djaouro Nya’aki » (Sa majesté des abeilles), c’est selon. A Ngaoundal, si vous cherchez Mohamat Illiassou, mieux vaut recourir à l’un ou l’autre de ces appellations. Un nom de baptême « reconnu d’utilité publique » comme aime bien en blaguer Souaibou Zourmba, sous-préfet de Ngaoundal, l’une des 21 unités administratives de l’Adamaoua dont l’apiculture colle si bien à l’activité économique.
Outre ses fonctions traditionnelles de notable à la cour du lamido de Mbarnam-Ngaoundal, Mohamat Illiassou mène depuis maintenant cinq ans, l’activité d’apiculteur. Le business semble plutôt florissant, à en juger par les recettes enregistrées au terme d’une vente dans l’une des gares de chemin de fer de la ville. « Le train nous laisse au moins 400 000 F de bénéfice à chacun de ses passages », indique-t-il.
L’histoire de ce notable trentenaire n’a pour autant rien d’un héritage parental. Du miel, ni son père, encore moins un proche de sa famille n’a tenté l’aventure par le passé. « J’ai lu quelque part que pour monter une bonne affaire, il faut une bonne idée qui résout un problème », relève Mohamat Illiassou.
Le déclic lui vient dans le train, lors d’un voyage pour Douala où il écoule son pistache. A son retour, il passe la commande des ruches à l’ancienne chef des fabricants de vannerie. Des champs, il en disposait déjà. C’est ainsi qu’il va installer ses ruches dans tous les arbres de son champ, y compris les espaces forestiers vierges alentours. Il se fait aider par ses femmes et enfants. L’opération prend un mois. Au fil du temps et des expériences, l’apiculteur a pu améliorer sa technique.
La chaîne de distribution étant maitrisée, il met un point d’honneur sur la qualité. Pour lui, son produit sera toujours le meilleur, puisqu’il est tiré de la nature. Il est aussi bio, puisqu’il est extrait en respectant l’environnement. Pas de technique d’enfumage.
Ce qui contribue à « un contrat de confiance avec ses abeilles ». Actuellement, il récolte deux fois l’an à raison de 100 litres. Le prix du litre pouvant s’envoler à 5000 F. Comme les autres apiculteurs de la ville, il attend l’ouverture officielle par le ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales (MINEPIA) du Centre de collecte de miel de Ngaoundal dont les travaux sont achevés.