L'accord de partenariat économique reliant le Cameroun et l'Union Européenne est entré en vigueur le 4 août dernier et relativement à cela, la liste d'un premier groupe de produits admis au démantèlement tarifaire entre les deux partenaires a déjà été rendue publique. Face à la presse, le ministre en charge de la communication, Issa Tchiroma, a expliqué que ce premier groupe de produits dits à "libéralisation rapide", a pour objectif le bien-être des populations.
On y retrouve « des produits destinés à la consommation des ménages à hauteur de 30 % du total du groupe et incluant des produits de première nécessité contributifs à la lutte contre la pauvreté, des matières premières (19 % du groupe) et certains biens d’équipements (27 % du groupe), pour permettre aux entreprises locales d’accéder aux intrants nécessaires à leur processus de fabrication, et ce ceci à moindre coût », a expliqué Mr Tchiroma.
Dans ce groupe dont la liste est disponible sur le site de l'administration douanière, sont aussi présents, des produits qui sont caractérisés de « déchets ». Au total, 18 codes produits sont concernés. On retrouve notamment des déchets de sucreries, brassicoles, de soies, des déchets végétaux, pharmaceutiques et autres. Interpellé sur la question, le ministre en chargé du commerce a expliqué que leur présence n'impliquait pas une obligation d'importations par les opérateurs camerounais.
Ce premier groupe comporte aussi des produits qui peuvent servir d'intrants pour le développement agricole, comme les semences en graines pour céréales, et autres tubercules comme les patates douces, ou encore les pommes de terres. Mais dans le même temps, on y retrouve les surgelés de ces mêmes produits, qui aujourd'hui font une concurrence réelle aux productions locales, peu compétitives en termes de satisfaction du marché.
Pourtant, le porte-parole du gouvernement a indiqué, que « sont exclus de toute libéralisation douanière et tarifaire, certains produits qui présentent un potentiel de développement considérable, ceci en dépit d’une production actuelle limitée... notamment des produits bruts animaux et végétaux ». L'entrée en vigueur de ces accords de partenariat a fait l'objet de divergences au sein de l'opinion publique nationale camerounaise. Toutefois les discussions, que l’on soit partisan ou détracteur de ces accords, ont toujours tourné sur les incidences relatives aux ressources publiques et à l'impact sur le tissu productif local.
Le gouvernement se défend de ce que ce démantèlement tarifaire devrait faciliter les importations d'intrants et équipements de production, ce qui renforcera le tissu de production local et permettra de compenser avec les pertes de recettes douanières. Mais selon une étude réalisée par les services spécialisés du Ministère des Finances, l'effet de la libéralisation sur les produits concernés ne représentera qu'une baisse de 3,5% de leurs prix à la fin du démantèlement.
Les arbitrages sont difficiles pour les pays africains qui doivent faire face à ces accords de partenariats économiques. Dans un tel cadre, les gouvernements ont du faire des choix. Mais il semble, au regard des données, qu'il faudra bien plus que la volonté politique, pour faire des APE un levier du développement.
Selon les données de Bloomberg, l'Union européenne, en 2015, a perdu sa place de troisième marché de destination des produits camerounais et s'est positionnée à la cinquième place. Les volumes exportés y ont aussi décru, passant de 2,8 milliards $ en 2014, à 1,85 milliards $ à la fin 2015.