Infos Business of Monday, 15 May 2017

Source: camer.be

Affaire d'indemnisation du port de Kribi: de hautes personnalités en cavale

Le TCS a arrêté les recherches contre les suspects Le TCS a arrêté les recherches contre les suspects

Le tribunal criminel spécial (TCS) arrête les recherches contre les suspects en fuite dans le cadre des détournements lors des indemnisations des populations installées sur le site du complexe industrialo portuaire de Kribi après seulement trois mois de recherches.

C’est désormais officiel. Le Tribunal criminel spécial l’a fait savoir lundi 8 mai dernier par voie d’affichage à la Mairie de Kribi 1er. Elle a arrêté de rechercher des personnes inculpées et en fuite.

Cet abandon fait suite après des recherches infructueuses des présumés détourneurs de deniers publics dans le cadre des indemnisations sur le site du complexe industrialo-portuaire de Kribi.


« Après plusieurs recherches infructueuses effectuées dans diverses localités où la susnommée est réputée avoir séjourné, notamment dans la ville de Kribi à l’issue de l’enquête menée contre dès réception du Mandat d’Arrêt la concernant ; relevons qu’à ce stade de nos diligences, les recherches entreprises jusqu’à ce jour n’ont pas prospéré, l’inculpée ayant quitté son domicile pour se soustraire des mailles de la justice suite à la présente enquête dont elle a bien eu connaissance au cours des investigations préliminaires », regrette le Commissaire Divisionnaire Enyegue Mbolong qui est par ailleurs chef de la Division des Enquêtes du corps spécialisé de Police Judiciaire du Tribunal Criminel spécial dans le cadre du procès-verbal de publicité du mandat d'arrêt décerné et de recherches infructueuses contre la nommée Mbezele Nko’o Marguerite, en cabale.

En effet, c’est le 23 mars dernier que le juge d’instruction du TCS Wo’o Minko Blaise lance un mandat d'arrêt contre des personnes suspectées de détournement ou de tentative de détournement dans le cadre des indemnisations sur le site du Complexe industrialo-portuaire de Kribi. Pourtant le 8 mai dernier, le chef de la division des enquêtes du corps spécialisé de Police judiciaire du TCS arrête les recherches contre les suspects contre qui a été décerné le mandat d?arrêt.

C’est en tout 18 personnes qui sont visées par cette procédure judiciaire pour le détournement ou la tentative de détournement de deux milliards six cents quatre-vingt-dix-neuf millions sept cents trente-trois mille deux cents cinquante-sept francs CFA (2.699.733.257 FCFA). Parmi elles, l’ex-directeur du projet de construction du Complexe Industrialo-portuaire de Kribi. M. Nlend Banck Louis est inculpé des faits de coaction de détournement de deniers publics et autres.

« …En coaction avec Bondima Ngo Jules, obtenu ou retenu frauduleusement quelque bien mobilier ou immobilier appartenant à l’Etat notamment les sommes de 149 805 000 FCFA et 165 598 500 FCFA perçues sur les terrains dont il n’était pas propriétaire.

Dans les mêmes circonstances de temps et de lui qui, ci-dessus, s’est rendu complice de crimes détournement de deniers publics, de coaction de détournement de deniers publics, de tentative de détournement de deniers publics et de tentative de coaction de détournements de deniers publics », écrit le magistrat dans le mandat d?arrêt.

Dans la liste, on retrouve les noms de personnes décédées et même de certains qui séjournent déjà derrière les barreaux. Pour les professionnels de la loi, cette procédure de publication de recherches infructueuses n’arrête aucunement le mandat d?arrêt lancé contre les prévaricateurs de la fortune publique, et qui court jusqu’à l’extinction de l’action publique par la mort, par l’arrêt des individus ou de la justice.

Dans la cité balnéaire, c’est l’euphorie. Les populations qui étaient installées sur le site du Complexe industrialo-portuaire souhaitent l’arrestation et le jugement des mis en cause, et encore plus de l’ancien capitaine des travaux de construction du Complexe industrialo-portuaire de Kribi, M. Nlend Banack Louis.

Des arrestations à venir ?

On se rappelle que le 2 février 2012, Philémon Yang avait signé un arrêté limogeant Louis Nlend Banack de ses fonctions de directeur du projet de construction du complexe industrialo portuaire de Kribi, la ville balnéaire du sud. Nommé en juillet 2008, Louis Nlend Banack avait engagé le démarrage des travaux et dès le 22 août 2011, les populations expropriées dans le cadre de la construction de cette infrastructure devaient percevoir leurs indemnisations. Une opération qui avait déjà débuté en fanfare, en décembre 2010 et qui s’était arrêtée suite à des pratiques d’indemnisations peu orthodoxes

Par souci de transparence dans le recensement des bénéficiaires, Louis Nlend Banack avait cru bon de rendre publique cette première liste des personnes à indemniser. C’est alors que le scandale avait éclaté, révélant des bénéficiaires totalement inconnus des autochtones et qui devaient bénéficier des centaines de millions de francs CFA.

Le processus d’indemnisation avait été arrêté par le chef de l’Etat. Et comme mesures conservatoires, les comptes des particuliers qui avaient été mobilisés dans le cadre des premiers paiements avaient été bloqués, et certains chèques déjà touchés récupérés, en attendant que les choses soient à nouveau tirées au clair.


C’est ainsi que, sur instruction de Paul Biya, des missions d’enquêteurs étaient descendues sur le terrain. Tous les acteurs ayant participé au processus d’identification et de recensement des ayants droits, ainsi que les responsables de différentes administrations chargées de l’établissement des titres fonciers du site déclaré d’utilité publique (Dup), avaient été entendus.

Des rapports de ces missions révèlent que plusieurs autochtones figurant sur la liste des indemnisations ne connaissaient pas la localisation de leur terrain, encore moins de leur village supposé.

Suite à ces enquêtes et après toilettage, l’enveloppe des indemnisations était passé de 24 à 14 milliards FCFA, soit une différence de 10 milliards FCFA qu’on avait destinée au paiement des faussaires qui avaient réussi, avec des complicités à tous les niveaux des différentes administrations, à constituer de faux dossiers d’indemnisation.

Des arrestations avaient commencé et plusieurs hauts fonctionnaires séjournent déjà à la prison centrale de Nkodengui, dont le préfet de l’époque Vilon Jean-François.

Aujourd’hui, des mandats d’arrêt sont décernés contre dix-huit autres personnes qui ont pris la poudre d’escampette et les autres présumés faussaires qui ont déjà été entendu plusieurs fois dans le cadre de cette affaire ne dorment plus que d’un œil… Affaire à suivre.