Ici, comme ailleurs en Afrique, les plantations industrielles de palmiers à huile génèrent des tensions avec les communautés locales.
Gris, le ciel du golfe de Guinée. Bleus, les uniformes des enfants. « Mais n’essaie pas de donner une couleur à la vérité. Ici, elle sera toujours floue », résume Emmanuel Elong. Floue, comme le chiffre exact de la population de Douala ou ces routes, dont le bitume disparaît soudain pour faire place à des fondrières. « Les terres de l’opposition », glisse le chauffeur.
Au Cameroun, tout est politique et remonte au cabinet du président Paul Biya, au pouvoir depuis trente-quatre ans, pour les dossiers les plus sensibles.
Ce soir-là, à Douala, Emmanuel Elong a garé sa moto chinoise dans le quartier des poissonniers. Décidé à en découdre en barrant les routes de la plantation de palmiers à huile qui ceinture son village natal. « Voleurs de terres », glisse, rageur, le syndicaliste paysan.