Infos Business of Friday, 8 April 2022

Source: Aurore Plus du 08 -4 - 2022

Autoroute Douala-Yaoundé : un éléphant blanc abandonné dans la broussaille

La première phase du chantier reste inachevé, alors que la suite reste hypothétique La première phase du chantier reste inachevé, alors que la suite reste hypothétique

La première phase du chantier reste inachevé, alors que la suite reste hypothétique.

Les 60 premiers kilomètres de l’autoroute Douala-Yaoundé sont en friche depuis leur «réception technique», le 31 décembre par le directeur général des Travaux d’infrastructures du ministère des Travaux publics (Mintp). Le constructeur China First Highway Engineering a enlevé ses engins du chantier alors qu’étaient attendus les travaux sur les voies de raccordement au réseau routier de la capitale et à la nationale n°3, au niveau de Boumnyebel. En l’absence de cette bretelle, plusieurs usagers évitent soigneusement de s’y aventurer. D’où un sentiment d’abandon.

Officiellement ouvert à la circulation le 5 janvier, ce tronçon présenta aujourd’hui un visage de désolation, tant les herbes folles ont envahi les accotements. En terme d’autoroute, les habitués de ce type d’infrastructures parleront d’un abus de langage. Son profil est ainsi constitué de deux voies de chaque côté, séparées par un terre-plein. Le seul avantage qu’on en tire est la réduction des virages. Il s’agit donc, dans le jargon, d’une «voie rapide» et non d’une autoroute.

Il n’empêche que ledit chantier, débuté le 13 octobre 2014 pour une durée de 48 mois, a connu deux prolongations attribuées à difficultés techniques, administratives et financières. Il a néanmoins coûté 423,5 milliards de francs, sans pour l’instant les infrastructures de fonctionnalité que sont les aires de repos, postes de péage, stations de pesage, stations-services et autres bandes d’arrêt d’urgence.

On en oublie d’ailleurs que cet axe, d’une longueur totale de 196 kilomètres, était censé accueillir les usagers à l’occasion de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football ratée de 2019. Pour sa phase 2 – la plus longue, donc -, il serait certainement urgent d’attendre. Surtout que le patron des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, abonné aux scandales de gouvernance, semble avoir la tête ailleurs.

S’agissant en effet des 136 kilomètre de la phase 2, dont le coût global des travaux est estimé à 812,8 milliards de francs hors taxes, des résultats d’un appel d’offres restreint ont été publiés le 5 octobre 2020. Sur la liste des préqualifiés, le groupement français Sogea-Satom- Vinci/Razel-Fayat, le portugais Mota Engil Engenharia Construcao Africa et le groupement chinois Sinohydro-Pcrb-Sdhs.

Il a été indiqué que le chantier sera exécuté en mode partenariat public-privé (PPP) pour 15 mois de conception et 48 mois de travaux. Depuis lors, c’est le silence radio autour de cet éléphant blanc dont le contribuable, quel que soit le scénario, aura à payer le lourd endettement.