Le Président camerounais, Paul Biya, a entamé sa huitième visite en Chine le 4 septembre 2024, à l’invitation de son homologue chinois, Xi Jinping, dans le cadre du 4e Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC). Ce déplacement revêt une importance capitale pour le Cameroun, dont de nombreux projets infrastructurels majeurs peinent à avancer, faute de financements. Lors de son discours, Paul Biya a réitéré la nécessité de ressources supplémentaires pour concrétiser ces projets, essentiels à la vision d’émergence du pays à l’horizon 2035.
L'un des projets phares évoqués est la construction de la voie de contournement de Yaoundé. Ce projet stratégique, inscrit dans le Programme d’investissement prioritaire, est estimé à 795 milliards de FCFA. Les travaux, initialement prévus pour démarrer en 2026 et se terminer en 2030, n'ont toujours pas de financement assuré. Malgré l'annonce en 2022 par la ministre de l’Habitat et du Développement Urbain, Célestine Ketcha Courtès, d’une promesse de 33 milliards de FCFA de l’Union européenne, soit à peine 19% du budget requis pour la première phase du projet, aucune avancée notable n’a été enregistrée.
Les partenaires financiers se montrent réticents, et une première table ronde organisée à Yaoundé n’a donné que peu de résultats concrets. Le ministère envisage une nouvelle rencontre avec les bailleurs de fonds pour les convaincre des avantages économiques significatifs que ce projet pourrait générer. L’Union européenne estime que la voie de contournement de Yaoundé pourrait apporter des bénéfices économiques de l’ordre de 4 145 milliards de FCFA, grâce notamment aux gains de temps, à la réduction des coûts d’exploitation des véhicules, à la valorisation foncière et aux taxes générées pendant la période de construction.
D'autres projets en attente de financements concernent la route Ebolowa-Akom II-Kribi, dans la région du Sud. Longue de 179 km, cette route, dont le bitumage a été promis par Paul Biya en 2011, n’a toujours pas vu le jour en raison des exigences environnementales du bailleur britannique UK Export Finance (Ukef). La mention de ce projet au FOCAC pourrait ouvrir la voie à une participation chinoise, avec un démarrage des travaux envisagé pour 2024. Ce chantier est estimé à 138,23 milliards de FCFA.
Par ailleurs, la phase 2 de l'autoroute Yaoundé-Douala, longue de 139 km, figure également parmi les priorités. Ce projet, dont le coût est estimé à 899 milliards de FCFA, a fait l'objet d'un accord cadre avec la China First Highway Engineering Corporation (CFHEC), qui s’est engagée à préfinancer le début des travaux cette année et à accompagner l’État camerounais dans la recherche de financements complémentaires.
En dehors de ces projets, le ministère des Travaux publics a besoin de 759,2 milliards de FCFA pour réhabiliter 29 000 km de routes d’ici 2025, alors que le réseau global bitumé du pays reste inférieur à 10%. Les routes Ngaoundéré-Garoua, Douala-Bafoussam, Maroua-Kousseri et l'autoroute Edéa-Kribi sont quelques-uns des projets en attente de réalisation depuis plusieurs années. Paul Biya a souligné que ces projets constituent des « opportunités à saisir » pour le gouvernement camerounais et les grandes entreprises chinoises.