La récente sortie du Cameroun sur le marché des titres publics de la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC), le 21 février 2018 a été marquée par deux faits non négligeables.
D'une part le taux de souscription a atteint les 327%, une performance qui se répète depuis le début du deuxième mois de l'année.
L'autre fait est le taux d'intérêt moyen retenu, qui a été de 2,97%. En comparaison aux taux de 3,12% en février 2017 et de 3,52% atteint fin 2017, cela constitue une réelle amélioration des conditions d'emprunts sur les obligations dont le délai de remboursement est situé à trois mois.
Cette amélioration peut être mieux comprise, lorsqu'on compare la courbe des taux du Cameroun à celle du Gabon, la deuxième économie de la CEMAC en termes de produit intérieur brut. Le pays d'Ali Bongo doit encore payer 4,7% de taux d'intérêt sur ses obligations à trois mois de maturité, soit une prime de près de 2% sur ce que le Cameroun paye.
La force retrouvée du Cameroun semble tenir, selon les experts, de la résilience affichée par son économie. Mais dans la réalité on peut surtout noter que les montants sollicités sont plus faibles que la capacité d'absorption du marché des capitaux, et la maturité (durée au terme de laquelle on est remboursé) est assez courte. Les marges demeurent donc toujours attrayantes pour les investisseurs généralement des banques.
De plus, le Cameroun n'a jamais fait défaut sur une de ses obligations et tient les spécialistes en valeur du trésor (les principaux investisseurs de ses titres), informés sur l'évolution des choses.
L’année 2018 en cours pourrait connaître des rebondissements. Malgré les améliorations actuelles des taux, le coût des obligations à trois mois continue d'être plus élevé que celui payé en janvier 2016, qui était de 2,43%.
Le Cameroun doit effectuer plusieurs émissions sur le marché des titres publics de la BEAC au cours de cette année. Si ses conditions macro-économiques sont demeurées stables avec le soutien apporté par le Fonds Monétaire International, on a pu noter que 2017 aura été marqué par une baisse des exportations, mais aussi des importations, signe d'atonie au sein de l'économie.
Le gouvernement continue de traîner d'importants arriérés, notamment à l'endroit des PME, qui elles-mêmes sont redevables à des banques commerciales. Malgré un léger repli du taux de créances douteuses, celles-ci demeurent encore à plus de 13%. Le pays devra aussi passer par plusieurs élections, qui ne sont pas un contexte favorable pour la mise en place de réformes fortes.