Les émissions à court terme représentent plus du double des obligations à moyen et long termes, signe des difficultés budgétaires des États de la zone
Selon le dernier "Bulletin économique et statistique" de la Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC) publié le 20 février 2025, les six pays membres de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cemac) ont mobilisé un total de 6.914,5 milliards de FCFA sur le marché des titres publics à fin septembre 2024, soit une hausse de 14,7% en glissement annuel.

L'analyse détaillée des données révèle une nette prédominance des Bons du Trésor assimilables (BTA), instruments financiers à court terme dont la maturité n'excède pas 52 semaines. Ces titres représentent plus de 4.670 milliards de FCFA, soit plus de deux fois le montant de 2.240,8 milliards mobilisés via les Obligations du Trésor assimilables (OTA), qui sont des titres à moyen et long termes (2 à 10 ans).

"Sur le segment des BTA, les bons à 26 semaines sont restés les plus prisés, avec un montant total émis de 1.551,5 milliards, représentant 56,2% du total des émissions de BTA sur la période", souligne le rapport de la BEAC.

Selon les experts financiers, cette préférence marquée pour les instruments à court terme traduit les tensions de trésorerie auxquelles font face les États de la sous-région. Les BTA sont généralement émis pour satisfaire des besoins ponctuels et immédiats de trésorerie, comme le paiement des salaires, le remboursement d'une dette arrivée à échéance ou le règlement de prestations.
À l'inverse, les OTA sont privilégiés pour financer des projets d'investissement à plus long terme, nécessitant des ressources stables et planifiées.
Parmi les principaux animateurs du marché, le Cameroun se distingue par son recours massif aux BTA. Selon les données du ministère des Finances, le pays a mobilisé sur l'ensemble de l'année 2024 une enveloppe totale de 1.153,9 milliards de FCFA sur le marché des titres publics, en hausse de 20,4% sur un an. La part des BTA s'élève à 868,9 milliards de FCFA, soit plus de trois fois le montant des OTA (285,03 milliards).

"Nous avons été très actifs sur les divers compartiments. 65 lignes, dont 49 lignes de bons du Trésor émises pour un montant global de 868,9 milliards de FCFA. Sur le compartiment obligations, nous avons émis 16 lignes pour des maturités allant de 2 à 10 ans, pour un montant de 285,03 milliards de FCFA", a déclaré Louis Paul Motazé, ministre camerounais des Finances, le 13 février dernier à Douala, lors de la présentation aux investisseurs du programme de financement de l'État pour 2025.

Le Congo et le Gabon figurent également parmi les principaux émetteurs actifs sur ce marché, partageant cette même tendance au financement à court terme, symptomatique des contraintes budgétaires qui pèsent sur l'ensemble de la zone CEMAC.