Infos Business of Tuesday, 21 July 2015

Source: cameroon-info.net

Banque des PME: 'les risques de faillite ne sont pas à côté de la porte'

Laurent Serge Etoundi Ngoa, Minister of Small and Medium Enterprises, Social Economy and Handicrafts Laurent Serge Etoundi Ngoa, Minister of Small and Medium Enterprises, Social Economy and Handicrafts

Les Petites et moyennes entreprises ont désormais leur Banque, la BCPME a ouvert ses portes hier à Yaoundé. D’après les chiffres les PME à elles seules sont pourvoyeuses de plus de 50% d’emploi au Cameroun. Leur contribution au développement économique du pays n’est plus à démontrer. Le Cameroun veut mettre à contribution les potentialités des PME en termes de développement et de réduction de la pauvreté.

Dans une interview accordée à la radio nationale, la CRTV, ce mardi 21 juillet 2015, le ministre des Petites et moyennes entreprises, de l'économie sociale et de l'artisanat (Minpmeesa), a indiqué que « même si la BCPME est une banque spécialisée pour les PME, c’est d’abord une banque, car on a besoin lorsqu’on va dans une banque de faire une opération ou de venir garder de l’argent ou alors savoir comment faire pour accéder au crédit ».

« Les promoteurs des PME doivent s’attendre à des réponses par rapport à leurs demandes. Ces réponses seront satisfaisantes si leur dossier satisfait aux conditions que la banque leur présentera » a renchérit Laurent Serge Etoundi Ngoa.

L’ouverture de la Banque camerounaise des PME est la consécration d’une promesse faite par le chef de l’Etat, Paul Biya, en janvier 2011 au cours du Comice agro-pastoral d’Ebolowa. Outre la création (encore en cours) d’une banque agricole pour le financement de l’agriculture, Paul Biya avait également annoncé le lancement d’une banque dédiée au financement des PME, qui sont considérées comme principal moteur de la croissance économique, mais qui sont en proie à des difficultés d’accès aux financements au Cameroun.

Dans le passé il y a eu l’histoire du Crédit Agricole, qui est arrivé avec beaucoup de promesses, et puis a disparu un beau matin pour cause d’emprunts non remboursés et disfonctionnements. A la question du journaliste que savoir quelles sont les dispositions prises pour que cette BCPME ne connaisse le même sort que le Crédit Agricole, mais aussi le FOGAP, la BCD et le FONADER, le Minpmeesa a indiqué que trois raisons essentielles peuvent expliquer ce que le Cameroun a connu :

« Il y a naturellement la crise économique. Mais, il faut reconnaitre que la première raison était que tous les gestionnaires que nous avons eu à cette période-là, bien qu’étant des hauts cadres rompus dans l’administration, il faut avouer que personne parmi eux n’était spécialisé à la gestion du risque.

La deuxième raison est d’ordre politique. Le Cameroun était un jeune Etat qui n’était indépendant que depuis une décennie et un peu plus. Il faut avouer qu’il n’avait jamais fait face à une crise pour savoir comment on gère les effets collatéraux.

La troisième raison qui est une raison objective est qu’à cette période les formations sur la gestion bancaire n’étaient pas aussi pointues qu’aujourd’hui pour pouvoir adresser les aspects quand cette gestion se retrouvait en difficulté. Et, naturellement on peut ajouter une raison subsidiaire qui a aussi sa place, qui concernait les problèmes de gouvernance qui était aussi pour nous un apprentissage.

Toutes ces évocations mises ensemble peuvent expliquer pourquoi ces institutions, lorsque la crise est arrivée, avaient fait faillite. Mais aujourd’hui le président de la République a tiré les leçons de tous ces échecs. Et en décidant de mettre sur pieds des institutions qui vont encadrer le secteur agricole, le secteur des PME, il a pris soin de pouvoir faire savoir à ceux qui en ont la charge du montage technique qu’il faille à tout prix éviter ces raisons que nous avons évoqué ».

Pour Etoundi Ngoa, la BCPME est une face visible de l’iceberg puisqu’en accompagnement de tout cela, d’autres institutions ont été mises en place par le président de la République : la bourse de sous-traitance et de partenariat, les Centres de gestion agréé, l’Agence des PME, le bureau national des mises à niveau et autres.

« Ce sont des adjuvants salvateurs qui permettent à la PME d’être formée, d’être capacité, d’être compétitive. Il faudrait que la PME qui est passée par ces structures arrive à la Banque forte de son projet, un projet qui devrait être bancable et qui devrait très aisément affronter les conditionnalités que la banque lui oppose », a conclu le ministre des Petites et moyennes entreprises, de l'économie sociale et de l'artisanat.