Le barrage hydroélectrique de Nachtigal, situé dans la région du Centre, a franchi une nouvelle étape importante ce 19 septembre 2024 avec la mise en service du troisième groupe de production. Gaston Eloundou Essomba, ministre de l'Eau et de l'Énergie, a supervisé cette opération qui permet d’injecter 180 MW supplémentaires dans le réseau national, portant la production totale actuelle à 180 MW sur les 420 MW prévus à terme.
« Aujourd'hui, trois des sept groupes du barrage sont désormais opérationnels, et nous venons d'ajouter un troisième groupe de 60 MW. Cela nous permet d’atteindre 180 MW déjà injectés dans le réseau. L’objectif est de mettre en service un groupe supplémentaire chaque mois. D'ici fin octobre, nous devrions mettre en production un quatrième groupe, avec la perspective d’avoir l’ensemble des sept groupes en fonctionnement d'ici janvier 2025 », a précisé le ministre lors de sa visite sur le site.
Cette montée en puissance du barrage est cruciale pour répondre à la demande croissante en électricité, mais le défi ne s’arrête pas à la production. « L’étape suivante est d'assurer la disponibilité des infrastructures de transport. Nous devons nous assurer que les lignes de transmission, notamment vers Douala, sont prêtes pour évacuer cette énergie en temps réel. Cela permettra de réduire de manière significative les perturbations que subissent actuellement les populations, liées à la fois au déficit de production et à l'insuffisance des infrastructures de transport », a ajouté Gaston Eloundou Essomba.
Le projet Nachtigal, dont le coût total s’élève à 786 milliards de FCFA, est la plus grande centrale hydroélectrique en construction au Cameroun. À terme, elle augmentera de 30 % les capacités de production électrique du pays. Cette augmentation notable de la production réduira la dépendance aux centrales thermiques coûteuses, entraînant des économies importantes sur les achats de combustibles fossiles.
Cependant, un autre enjeu se profile à l’horizon : le contrat signé entre l’État camerounais et la société NHPC, qui gère le barrage, stipule que dès que la capacité totale de 420 MW sera atteinte, une facture mensuelle de 10 milliards de FCFA devra être réglée à NHPC, que l'énergie produite soit consommée ou non. Cette disposition met en lumière l'urgence d'achever les infrastructures de transport associées pour éviter une perte financière importante en cas d’incapacité à évacuer l’électricité produite.
Le barrage de Nachtigal ne se limite pas à l'approvisionnement national. Il est au cœur du Projet d’interconnexion des réseaux électriques du Cameroun et du Tchad (Pirect), qui vise à exporter 100 MW d’électricité vers le Tchad d’ici 2027. Cet ambitieux projet, en plus de renforcer la position du Cameroun en tant que leader énergétique en Afrique centrale, contribuera à l’intégration régionale dans le secteur de l’énergie.