Sauf incident ou dysfonctionnement majeur de dernière minute, le délai fixé dans son adresse à la nation du 31 décembre 2022 par le président de la République, Paul Biya, pour la mise en service de la première phase du barrage hydroélectrique de Nachtigal Amont, à savoir au plus tard en décembre 2023, sera respecté.

C’est du moins la perspective qui s’ouvre avec le processus de remplissage du réservoir (mise en eau) de cet ouvrage, lancée hier mardi par le ministre de l’Eau et de l’Energie (Minee), Gaston Eloundou Essomba. Pour lui, cette opération technique qui va durer un mois représente une étape importante dans le processus de mise en service de tout aménagement hydroélectrique.

De façon concrète, elle consiste à remplir pour la première fois le barrage, par l’ouverture de toutes les voies d’eau, pour l’alimentation de l’usine de production d’électricité. « Ce remplissage va se faire progressivement par pallier, afin de s’assurer non seulement de l’étanchéité et de la robustesse de l’ouvrage, mais aussi pour que tous les animaux qui vivent dans la zone impactée aient eu le temps de s’échapper avant que l’eau n’engloutisse leur habitat naturel », a expliqué le ministre.

En effet, cette opération de mise en eau ne signifie nullement la mise en service du barrage, mais elle en est une étape clé. Elle a comme vocation première d’éprouver les ouvrages de génie civil qui ont été construits. Après cette phase de mise en eau, le calendrier du projet prévoit comme prochaine étape, dès le mois d’octobre prochain, la réalisation des essais de fonctionnement du premier groupe, en vue de l’injection au réseau électrique des 60 premiers mégawatts d’électricité en décembre prochain.

Mise en service commerciale

Les équipes de Nachtigal Hydro Power Company (NHPC), l’entreprise privée créée en juillet 2016 pour concevoir, financer, construire, exploiter et assurer la maintenance de cet aménagement hydroélectrique et ses ouvrages associés, assurent que tous les partenaires du projet sont d’ores-etdéjà mobilisés et engagés pour le respect de ce calendrier.

Par ailleurs, ajoute le Minee suivant le chronogramme du projet, les six autres groupes de la centrale seront progressivement mis en service au cours de l’année 2024, afin d’atteindre une mise en service commerciale de l’aménagement en septembre 2024. A cette date, toutes les capacités de production seront installées et mises en production. La centrale fournira une puissance de 420 Mw permettant une production d’électricité annuelle d’environ 2970 GWh, qui sera injectée au Réseau Interconnecté Sud.

Au fait, quel sera, de manière concrète, l’apport du barrage hydroélectrique de Nachtigal dans notre système électrique ? « Il faut le dire d’emblée, le barrage hydroélectrique de Nachtigal est un atout considérable pour le secteur de l’électricité du Cameroun, les principaux avantages étant qu’il permettra, sur l’ensemble du pays, de bénéficier d'une électricité décarbonée, disponible et peu chère avec un coût du kWh très compétitif, soit 42 Fcfa. Dans le contexte actuel, une bonne partie de l’énergie issue du barrage de Nachtigal d’un coût de 42 Fcfa le Kwh, va se substituer à l’énergie produite par les centrales thermiques dont le coût de production du Kwh atteint des niveaux de 200 Fcfa pour celles qui fonctionnent au gasoil, soit une économie au Kwh de 158 Fcfa », explique avec force détails Gaston Eloundou Essomba.


Snd-30 D’après qui la finalisation et la mise en service commerciale de cette centrale en 2024 induira une augmentation de l’offre en énergie électrique dans le système national de 30%, une réduction des subventions liées à une surutilisation des combustibles et une réduction de l’empreinte carbone.

A moyen terme, ajoute le ministre, « avec l’effectivité de l’interconnexion entre la partie Sud et la partie Nord dès 2026, cet ouvrage va améliorer le taux d’électrification dans la partie septentrionale du pays ». Le barrage hydroélectrique de Nachtigal devient ainsi la première infrastructure hydroélectrique réalisée au Cameroun dans le cadre de la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (Snd-30) et figure en tête de proue des projets ayant pour vocation de porter l’offre énergétique nationale à 5000 Mw d’électricité à l’horizon 2030 tel que prescrit par la Snd30.

La géographie des actions de NHPC se présente ainsi qu’il suit : Etat du Cameroun (15%), Electricité De France (40%), la Société Financière Internationale (20%), Afrca50, la plateforme panafricaine d’investissement en infrastructures (15%) et STOA, le fonds d’investissement de la Caisse des dépôts et consignations de la France spécialisée dans le financement d’infrastructures durables et résilientes (10%).