Infos Business of Thursday, 6 February 2025

Source: www.camerounweb.com

Barrages hydroélectriques : Songloulou et Lagdo menacés d’effondrement

D’autres insistent sur la nécessité de mobiliser des fonds d’urgence D’autres insistent sur la nécessité de mobiliser des fonds d’urgence

La situation des infrastructures hydroélectriques au Cameroun suscite de vives inquiétudes, notamment en raison de la menace d’effondrement qui pèse sur les barrages de Songloulou et Lagdo. Selon le journal Conjoncture Économique, ces ouvrages stratégiques, qui jouent un rôle fondamental dans la production d’électricité du pays, sont dans un état de détérioration avancée, mettant en péril l’approvisionnement énergétique national ainsi que de nombreux secteurs économiques dépendants de cette ressource essentielle.

Construit en 1981, le barrage hydroélectrique de Songloulou, situé sur le fleuve Sanaga, est le plus grand du Cameroun en termes de capacité installée, avec une puissance de 388 MW. Il fournit à lui seul près de 40 % de l’électricité produite dans le pays et alimente principalement les villes de Douala et Yaoundé, où la demande en énergie est en constante augmentation. Son rôle est donc critique dans la stabilisation du réseau électrique national. Cependant, depuis plusieurs années, des signaux alarmants sur son état de dégradation structurelle ont été relevés par plusieurs rapports techniques. Des fissures sont apparues sur certaines parties de la structure, et des défaillances mécaniques ont été constatées au niveau des turbines, augmentant le risque d’une rupture qui pourrait avoir des conséquences catastrophiques.

De son côté, le barrage de Lagdo, construit en 1982 sur la rivière Bénoué dans le nord du Cameroun, est tout aussi menacé. Avec une capacité installée de 72 MW, il représente une source d’énergie indispensable pour les populations des régions septentrionales du pays. Il contribue également à l’irrigation de vastes surfaces agricoles, faisant de lui un pôle stratégique pour la production alimentaire locale. Pourtant, tout comme Songloulou, il souffre d’un manque d’entretien chronique, aggravé par l’accumulation de sédiments et des infiltrations d’eau qui fragilisent la structure. Selon des experts en ingénierie hydraulique, les risques d’un effondrement partiel ou total de ce barrage ne sont plus à exclure si des mesures urgentes ne sont pas prises.

Malgré ces alertes répétées, les projets de réhabilitation de ces infrastructures semblent avoir été retardés indéfiniment. En 2012, le gouvernement camerounais, sous l’impulsion du président Paul Biya, avait annoncé un plan de modernisation de plusieurs barrages hydroélectriques du pays, y compris Songloulou et Lagdo. Toutefois, plus de dix ans plus tard, aucun chantier de réhabilitation d’envergure n’a été entrepris. Les fonds alloués à ces projets ont été détournés ou redirigés vers d’autres priorités, selon certaines sources proches du dossier. Dans le même temps, le gouvernement met en avant la mise en service du barrage de Nachtigal, un projet développé en partenariat avec des investisseurs internationaux, qui devrait fournir une capacité additionnelle de 420 MW et contribuer à réduire le déficit énergétique national. Cependant, ce nouvel ouvrage ne suffira pas à compenser les pertes en cas d’effondrement des barrages existants.

Les conséquences potentielles d’un effondrement de ces infrastructures seraient désastreuses à plusieurs niveaux. Sur le plan énergétique, le pays pourrait faire face à des coupures massives d’électricité, affectant gravement les industries, les ménages et les services publics. Des villes entières pourraient se retrouver privées de courant pendant de longues périodes, accentuant les tensions sociales et économiques. Sur le plan environnemental, un effondrement du barrage de Songloulou, par exemple, pourrait entraîner une libération incontrôlée de millions de mètres cubes d’eau, causant des inondations majeures en aval et menaçant la vie de milliers de personnes. Quant au barrage de Lagdo, un affaissement brutal de la structure pourrait provoquer des dégâts considérables sur les activités agricoles, mettant en péril la sécurité alimentaire des populations locales qui dépendent de ses eaux pour l’irrigation.

Face à cette menace, plusieurs experts et organisations plaident pour une intervention immédiate afin d’éviter une catastrophe imminente. Certains appellent à la mise en place d’un audit indépendant pour évaluer l’état réel de ces infrastructures et proposer des mesures de réhabilitation adaptées. D’autres insistent sur la nécessité de mobiliser des fonds d’urgence pour la maintenance et la modernisation des barrages existants. Le gouvernement, quant à lui, semble vouloir temporiser en annonçant des études de faisabilité pour des travaux futurs, mais sans calendrier précis.