Avec la couverture d’élites locales corrompues et de hauts gradés de l’armée, ces ressortissants du pays du cèdre, financiers d’un groupe terroriste s’adonnent en toute impunité au recyclage de milliards de francs.
Leur communauté est connue pour garder des rapports distants avec les citoyens du pays d’accueil, voire certains de leurs compatriotes ne partageant pas leur idéologie religieuse. Ils vivent par groupes de deux à cinq individus, se tiennent loin des mondanités et ne semblent s’intéresser qu’à leurs propres affaires, et donc à l’argent. Et de l’argent ils en brassent des tonnes, sur le sol camerounais. Inutile de chercher à le vérifier dans leur train de vie ils paraissent l’incarnation même de l’austérité.
Ainsi se présente aujourd’hui la très fermée confrérie des Libanais musulmans-chiites, dont une bonne partie a posé ses valises à Douala. Leur nombre a cru avec la crise politique ivoirienne de 2010- 2011, lorsque beaucoup sentirent des menaces sur leurs intérêts.
Dans ce pays, et selon des sources introduites leur confrérie représentait alors 80% des Libanais en Côte d’ivoire. Un autre contingent est arrivé au lendemain de la démission en mi-juillet 2021 du Premier ministre Saad Hariri qui a plongé le Liban dans l’une de ses pires crises politico-économiques.
Dans la métropole économique camerounaise, devenue leur nouvelle place forte, base solide ils ont massivement investi dans le bâtiment. Leurs domaines de prédilection sont les matériaux de construction, l’exploitation forestière, les mèches de beauté pour dames ou encore la métallurgie.
En très peu de temps, et sans que l’on sache très bien quel(s) réseau(x) ils ont activé, la plupart d’entre eux ont acquis la nationalité camerounaise. En tout cas ils s’en revendiquent, désormais. Ce statut, enviable s’il en est, leur permet de ruser avec les lois et règlements du pays d’accueil en termes d’avantages fiscalo-douaniers.
La particularité de ce business réside dans l’importation massive de marchandises. A travers des points focaux situés dans leur pays d’origine, ces businessmen d’un nouveau genre commandent force articles de Chine, avec pour destination finale le marché camerounais. Ce commerce triangulaire a pour avantage de brouiller les pistes, car sa finalité consiste à recycler de l’argent dont la majeure partie est destinée à financer le Hezbollah.
Par ce nom, il faut comprendre le mouvement islamiste fondé en 1982 au Liban en vue de s’opposer à l’occupation israélienne. Il est, doit-on le rappeler, placé sur la liste des organisations terroristes par les États-Unis, l’Union européenne ainsi que la Ligue arabe.
Elites mouillées
Afin de pérenniser leurs affaires locales, ces jihadistes tapis sur le sol camerounais ont également entrepris d’acquérir de vastes domaines pas seulement à Douala, mais aussi et désormais à Yaoundé. La loi interdisant l’achat de lopins par des non-Camerounais, leur stratégie, imparable consiste à s’abriter derrière des hommes liges. Afin de damer le pion aux autres postulants, leur secret consiste à proposer le double, sinon plus du prix généralement pratiqué dans le domaine de l’immobilier
C’est avec cette même technique de prête-noms qu’ils ont fait leur entrée dans le domaine des marchés publics, dont ils sont devenus d’incontournables soumissionnaires. Preuve que le milieu a été perverti à des niveaux insoupçonnés, ces fameux investisseurs ont attiré force élites camerounaises, en bonne place desquelles de hauts gradés de l’armée, dans l’actionnariat de leurs entreprises.
Cette couverture permet ainsi de virevolter entre les mailles du filet. Elle procure à la fois protection et immunité. Surtout lorsque, comme ils en ont désormais la triste réputation, ceux exerçant dans l’exploitation du bois ne se sentent pas obligés de reboiser les surfaces exploitées.
Le réseau d’affaires du Hezbollah libanais au Cameroun, c’est en vérité un monde complexe que votre journal a réussi à infiltrer Des révélations caustiques sur le sujet vous seront bientôt livrées.