À l'issue de l'émission obligataire "ACEP Cameroun 7% brut 2024-2027", une tendance surprenante émerge dans le paysage financier camerounais : malgré des salaires moins élevés, les fonctionnaires investissent davantage en bourse que les employés du secteur privé.
L'Agence de crédit pour l'entreprise privée au Cameroun (ACEP Cameroun), spécialisée dans le financement des très petites entreprises et du secteur informel, vient de clôturer avec succès sa première opération obligataire à la Bourse des valeurs mobilières de l'Afrique centrale (Bvmac). Celle-ci a permis de mobiliser 5 milliards de FCFA, sursouscrite à hauteur de 103,16%.
Parmi les 855,3 millions de FCFA investis par les personnes physiques, un constat interpelle : les agents du secteur public ont investi 76,1 millions de FCFA, dépassant sensiblement les 53,6 millions injectés par les salariés du secteur privé. Cette différence de plus de 23 millions de FCFA questionne les idées reçues sur la capacité d'épargne des fonctionnaires.
Si la comparaison entre fonctionnaires et salariés du privé interpelle, ces deux catégories restent pourtant minoritaires parmi les personnes physiques ayant participé à l'opération. Les commerçants et entrepreneurs individuels ont en effet mobilisé 201 millions de FCFA, tandis que les employés des professions libérales ont investi 140 millions. Les agents d'organismes internationaux complètent ce panorama avec une contribution de 50 millions de FCFA.
Cette opération s'inscrit dans le plan stratégique 2025-2027 d'ACEP Cameroun, avec un objectif clairement affiché : réduire sa dépendance vis-à-vis des bailleurs de fonds internationaux. L'établissement, satisfait du niveau de souscription, a toutefois renoncé à absorber les sommes excédentaires pour se concentrer sur ses objectifs de financement d'activités de crédit pour l'exercice 2025.
Arrangement par Upline Securities Central Africa (USCA), société de bourse de la Bicec, cette première incursion d'un établissement de microfinance à la Bvmac pourrait bien marquer un tournant dans la démocratisation de l'investissement boursier au Cameroun.