Un différend majeur oppose le Cameroun à la Commission bancaire de l'Afrique centrale (COBAC) concernant la supervision des Caisses de dépôts et consignations (CDC) dans la zone CEMAC. Ce désaccord s'est cristallisé lors de la récente réunion du groupe de travail tenue le 12 janvier 2025 à Yaoundé.
Richard Evina Obam, directeur général de la Caisse des dépôts et consignations du Cameroun (CDEC), s'oppose fermement au projet de supervision de son institution par la COBAC. Il argue que "les dépôts et consignations ne font pas partie des matières transférées à la communauté" et restent une prérogative nationale.
Cette position contraste avec celle d'Yvon Sana Bangui, gouverneur de la BEAC et président de la COBAC, qui souhaite intégrer les CDC dans le périmètre de supervision bancaire communautaire.
Le Cameroun défend sa souveraineté en s'appuyant sur plusieurs arguments juridiques. La CDEC souligne notamment que ses fonds sont des deniers publics, lui conférant un statut de comptable public qui l'exclut du champ de compétence de la Commission bancaire.
Cette confrontation s'inscrit dans un contexte plus large de tensions. En juillet 2024, la COBAC avait demandé la suspension des transferts des avoirs en déshérence vers la CDEC, une requête ignorée par les autorités camerounaises sur instruction présidentielle.
Le Cameroun poursuit d'ailleurs le développement de sa CDC, comme en témoigne le récent appel à candidatures pour la création d'une filiale bancaire, manifestant ainsi sa volonté de faire de la CDEC un acteur clé du développement économique national.
Cette situation met en lumière les défis de l'intégration financière en Afrique centrale, où les impératifs de souveraineté nationale se heurtent parfois aux ambitions de régulation communautaire.