La Société nationale d’investissement (SNI), qui contrôle avec des privés camerounais 15,20% (dont 10% pour l’Etat) du capital de la Société anonyme des Brasseries du Cameroun (SABC), a perçu de cette filiale du groupe français Castel, un dividende global de 12,5 milliards de francs Cfa sur la période 2011-2017, apprend-on de sources autorisées.
Le plus petit dividende versé au porteur des actifs de l’Etat au sein de la SABC est de 287 millions de francs Cfa, perçu en 2017 au titre de l’exercice 2016 ; tandis que sur la période 2011-2014, le capital investisseur de l’Etat camerounais et porteur des parts des nationaux dans certains grands projets d’investissement, a perçu, chaque année, un dividende minimum de 2,1 milliards de francs Cfa.
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Evidemment, ces différents dividendes versés à la SNI reflètent l’évolution du résultat net réalisé par le leader du marché brassicole au Cameroun, au cours de la période sous-revue. Des bénéfices qui, officiellement, ont fléchi d’un peu plus de 50%, passant de 45,2 milliards de francs Cfa en 2011, à seulement 21,9 milliards de francs Cfa en 2017, après avoir culminé à 13,2 milliards de francs Cfa au cours de l’année 2016, qui fut aussi la moins prolifique pour l’entreprise sur les sept dernières années.
Avec un dividende de seulement 287 millions de francs Cfa perçu en 2017, la SNI et les autres actionnaires de la Société anonyme des brasseries du Cameroun payent ainsi le prix d’une fiscalité jugée «handicapante», dont le poids sur le chiffre d’affaires de l’entreprise s’est situé entre 45 et 64% au cours de la période sous revue.
A cela, il convient d’ajouter les importations frauduleuses et massives de bières en canettes du Nigeria et de la Guinée équatoriale, et les crises sécuritaires dans les régions de l’Extrême-Nord (Boko Haram), de l’Est (instabilité politique en RCA), du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (crise anglophone) ; toutes choses qui ont contribué à réduire les ventes de la SABC ces dernières années.
Bref, à cause de la conjoncture ci-dessus décrite, qui impacte les activités d’autres multinationales et entreprises privées dans lesquelles elle est actionnaire, la SNI voit ses revenus s’amenuiser ; la grande majorité des entreprises publiques dont elle contrôle le capital étant jugées «improductives».
Rien à voir avec son homonyme et consœur marocain, par exemple, qui a réussi à monter de grands groupes tournés aujourd’hui vers la conquête de l’Afrique. Il en est ainsi d’Attijariwaffa Bank, qui partage le capital de la Société commerciale de banque (SBC Cameroun) avec l’Etat camerounais.
Au demeurant, afin de rendre plus performant son bras séculier en matière de prise de participations et de création des entreprises, l’Etat camerounais a annoncé, en décembre 2016, une réforme visant à créer deux fonds d’investissements au sein de la SNI. Il s’agit, précise Ernest Gbwaboubou, le ministre de l’Industrie, du Fonds national d’investissements stratégiques (Fonis), qui nécessitera des financements d’un montant de 450 milliards de francs Cfa ; et du Fonds d’appui au développement industriel (Fadi).
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Alors que le Fonis sera consacré aux investissements dans les grands projets d’infrastructures lancés par le gouvernement, explique le membre du gouvernement sus-cité, le Fadi, lui, sera actif dans le domaine du capital-risque. Il s’agit d’un mécanisme d’investissement consistant à prendre des participations dans des entreprises encore fragiles ou en difficultés, et de se retirer une fois qu’elles auront atteint un certain point d’équilibre ou un seuil de développement confortable.