La chambre de Niat Njifenji ne veut pas rompre la tradition. «Comme par le passé, le Sénat aura à défendre son budget devant sa propre commission des Finances et du budget, conformément aux dispositions du règlement intérieur de notre chambre», affirme le président de la Chambre haute du parlement au cours de son discours d’ouverture de la session de novembre 2015. Une affirmation qui n'entend souffrir manifestement d’aucune contestation, malgré le fait qu’elle se veut une infraction à la Constitution.
En effet, l’article 16 alinéa b de la Loi n°2008/001 du 14 avril 2008 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n°96 /06 du 18 janvier 1996 portant révision de la Constitution du 02 juin 1972 dispose qu’«au cours de l’une des sessions, l’Assemblée Nationale vote le budget de l’Etat». Une disposition qui prévoit ainsi que la Chambre haute du parlement fasse la queue avec les départements ministériels, devant la commission des Finances et du budget de l’Assemblée nationale, pour défendre son enveloppe budgétaire.
Le sénat ne compte dès lors pas se plier à la Constitution. Ce qui n’est pas nouveau. L’on se rappelle en effet que la session de novembre 2014 avait également connu cette infraction. La Chambre haute du parlement ne s’était pas présentée devant la commission des finances et du budget de l’Assemblée Nationale pour défendre son enveloppe budgétaire. Un passage que la Chambre de Cavaye Yéguié Djibril avait pourtant prévu pour le jeudi 04 décembre 2014. Le Sénat se souvient-on, devait défendre un budget qui s’élevait à 15 200 000 000 Fcfa. Soit environ 200 000 000 de plus que celui de l’exercice 2013.
Le Sénat ne compte pas seulement récidiver sur cette question. Les locataires de la Chambre haute du parlement relancent ainsi les hostilités. En effet, cette défense du budget se veut l’un des sujets de guéguerre entre le Sénat et l’Assemblée nationale. Les députés réclamant que le Sénat passe devant leur commission des Finances et du budget conformément à la Constitution. Des réclames qui se remémore-t-on, avaient été le cheval de bataille du groupe parlementaire du Social democratic front (Sdf) de l’Assemblée nationale au cours du vote de la loi des finances en novembre dernier.
Les députés Joseph Banadzem, Awudu Mbaya et Joseph Mbah Ndam notamment réclamaient alors à cors et à cris que le Senat défende son enveloppe budgétaire devant leur chambre. Sans succès, puisque depuis 2013, cette Chambre a toujours défendu son budget devant sa propre commission des Finances et du budget.