C’est en vue du l’ouverture de son usine de fabrication des appareils médicaux prévu dans deux mois.

Le siège d’Himore Médical au lieu dit Obobogo à Yaoundé, affiche un calme plat. Sous la conduite d’Arthur Zang, fondateur de la Start-up, le tour du propriétaire est effectué en quelques minutes. Deux équipes s’attèlent à la tâche au quotidien.

Les ingénieurs qui s’occupent à concevoir et développer les logiciels et les déployer sur les cartes mères qui constituent le matériel du cardiopad. Les techniciens et les électroniciens quant à eux se chargent des tâches liées au matériel électronique, soudure, assemblage et intégration des capteurs et programmation des microcontrôleurs.

L’ingénieur camerounais qui a eu l’idée géniale de concevoir le cardiopad, la tablette permettant de mesurer les données physiologiques cardiaques et de les transférer à un cardiologue pour qu’il établisse un diagnostic, est engagé sur un autre projet aussi novateur. Himore Médical s’apprête en effet à lancer dans deux mois une industrie médicale qui va fabriquer toutes sortes d’appareils médicaux.

Selon Arthur Zang, les aménagements ont déjà débuté au niveau de l’usine située au quartier Nsam à Yaoundé. Les équipements servant à l’usine, d’une valeur de 100 millions FCFA au total, sont importés de Chine. C’est grâce à l’argent généré par la vente des premiers kits de cardiopad que la Start-up effectue tous ces investissements.

Il faudra encore entre 50 et 75 millions de FCFA supplémentaires pour assurer la formation et les premiers salaires des ouvriers. Arthur Zang veut recruter 150 personnes au total pour cet ambitieux projet, à savoir des techniciens, ingénieurs, ouvriers et contrôleurs. C’est l’engouement observé dans la vente des premiers cardiopad qui pousse le promoteur à croire dur comme fer à la réussite de son projet.

Himore Médical qui lorgne le marché sous régional a déjà écoulé 43 des 300 cardiopad assemblés depuis le début de la phase de commercialisation le 2 février 2016. 70% de ces appareils ont été vendus à deux millions FCFA au-delà des frontières nationales. C’est le Gabon qui se taille la part du lion avec 50% d’appareils importés du Cameroun. L’Inde et le Népal ont aussi déjà reçu leurs premiers cardiopad.

Contactée par le Canada, la Start-up a engagé des procédures de régulation en vue d’acheminer ses produits. L’essentiel des commandes sont passées en ligne, via le site Internet de l’entreprise. Les articles sont livrés par DHL ou Fedex. Les cliniques et les réseaux de revendeurs sont les principaux clients de Himore Médical. Arthur Zang dit réfléchir sur de nouveaux modes de paiement, pour permettre aux hôpitaux de district camerounais, généralement à faibles revenus, de se procurer le précieux sésame.

Un nouvel appareil médical en gestation Mais le fabricant a déjà pensé à un outil à usage personnel qui sera présenté au public dans deux mois. Avec cet appareil, le patient pourra effectuer un diagnostic partiel lu même et transférer les résultats au médecin. « C’est un appareil beaucoup plus petit, plus léger et moins cher que le cardiopad. Il ne fera pas un examen aussi complet que le cardiopad mais permettra de recueillir les données cardiaques importants et les transférer au cardiologue afin qu’il puisse établir un diagnostic partiel et donner des recommandations au patient qui se trouve à la maison », explique Arthur Zang.

Créé en 2014, c’est finalement le 2 février 2016 que les premiers cardiopad sont mis à la disposition du grand public. La Start-up tient par ailleurs depuis mardi dernier une formation à l’endroit des infirmiers du Centre médico-social de l’université de Yaoundé I sur l’utilisation du cardiopad. Une phase de test à l’hôpital de Mbankomo et au CHU a permis d’améliorer l’appareil en apportant plus de fonctionnalités pour faire un examen complet.

D’après Arthur Zang, le cardiopad se distingue des autres appareils d’électrocardiogramme de par ses propriétés. L’appareil est facilement transportable, a la capacité de transmettre les résultats à distance, et coûte beaucoup moins cher que les autres obtenus en moyenne à cinq millions de FCFA. 237online.com L’instrument est également muni d’un panneau solaire qui permet de l’approvisionner en énergie en cas de coupure. Le kit de cardiologie mobile est constitué notamment d’une tablette équipée d’un DSP (Digital signal processor) utilisé pour traiter en temps réel les signaux numériques.

Au Cameroun, il y a moins de 50 cardiologues pour 20 millions d’habitants. C’est le constat qui a amené Arthur Zang à imaginer un outil qui puisse contribuer à lutter contre la maladie : le cardiopad. Après quelques entretiens avec un éminent cardiologue, le jeune chercheur alors étudiant en ingénierie informatique à l’Ecole polytechnique de Yaoundé, part de ce que « si les médecins pouvaient ausculter davantage de patients, cela permettrait déjà d’améliorer la situation ».

Après avoir travaillé pendant un an sur le traitement numérique du signal cardiaque, l’ingénieur et le cardiologue vont écrire des algorithmes capables de traduire les données cardiaques afin d’en extraire les informations utiles au praticien pour effectuer un diagnostic.

Une invention qui lui a permis de décrocher plusieurs distinctions au niveau national et international. Notamment le prix Rolex décerné à Genève en 2014, le prix de l’excellence du chef de l’Etat et de la meilleure initiative de développement en 2015.