La Commission bancaire de l’Afrique centrale enquête sur les sommes mirobolantes payées à Me Ntamack Pondy et Me André Marie Owono par l’administrateur provisoire.
En cette fin du mois de mars 2016, l’administrateur provisoire de la Commercial Bank of Cameroon (CBC) est toujours miraculeusement en poste, mais il n’en demeure pas moins qu’il broie du noir. Et pour cause : la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac), par le biais de son secrétaire général, a ouvert une nouvelle enquête à son encontre. Egalement liées à sa gestion au saucisson de la banque dont il est l’unique patron depuis plus de six ans, les investigations du gendarme financier de la sousrégion Afrique centrale concernent cette fois-ci spécifiquement des paiements douteux effectués au titre d’honoraires d’avocats.
Il s’agit des sommes faramineuses payées par Martin Luther Njanga Njoh au bénéfice des cabinets de Mes Irénée Ntamack Pondy et André Marie Owono. L’on cite des montants cumulés à plus d’un milliard de francs CFA, sortis par ce biais des caisses de la CBC. Sommé de s’expliquer par la Cobac sur ces paiements aux montants irréalistes, Martin Luther Njanga Njoh, s’est risqué à des révélations fracassantes en guise de défense.
Dans une correspondance datée du 13 janvier 2016, adressée au secrétaire général de la Cobac, l’administrateur provisoire va se montrer inflexible dans sa logique de pillage de la CBC. En dépit des objections de la Cobac, il laisse entendre qu’il va procéder à un règlement des notes d’honoraires d’un montant de 62 500 000 francs CFA, soit 31 250 000 francs CFA pour chacun des deux avocats. Ce règlement concerne «l’affaire Djemmo Lucas contre CBC».
La somme évoquée dans cette affaire est plutôt insignifiante comparée au 500 000 000 francs CFA empochés par Me Ntamack Pondy et Me André Marie Owono pour deux dossiers qui ne souffraient d’aucune contestation des récipiendaires, à en croire des sources internes à la CBC. Claude Juimo Monthé et Chehanaze Hazim Hazim avaient opté délibérément de procéder au règlement de leurs engagements respectifs de l’ordre de 7 milliards francs CFA et 11 milliards francs CFA.
Curieusement, l’administrateur provisoire fera sortir des centaines de millions de francs CFA des caisses de la CBC pour payer à ces deux avocats, recrutés par le ministre des Finances d’alors, Essimi Menyé, la rédaction du protocole signé par la banque avec M. Juimo Monthé; seule signature d’un accord avec l’homme d’affaires Hazim Hazim.
AVOCATS SUR LE GRILL
Au regard de cette gabegie financière, les enquêteurs de la Cobac vont fleurer une opération de rétro-commissions dont le bénéficiaire ne serait autre que l’administrateur provisoire de la CBC. La commission prend sur elle d’ausculter les contrats existants entre la banque et ses différents conseils. Le 21 janvier 2016, la commission commande à Njanga Njoh de fournir «l’ensemble des conventions d’honoraires signées entre CBC et tous ses conseils y compris cellles avec Mes Irénée Ntamack Pondy et Owono André Marie».
L’analyse de ces documents va révéler une grosse curiosité et non des moindres: le maintien en vigueur par l’administrateur provisoire, également en charge de la restructuration de la banque, «des contrats de collaboration conçus dès l’ouverture de la Banque il y a 20 ans».
Faisant fi d’être étranger à la saignée opérée dans les caisses de la CBC au profit de ses deux conseils, l’administrateur provisoire, qui se borne sur le dossier «Djemo Lucas contre CBC», suggère au secrétaire général de la Cobac de faire recours à une «recommandation forte de la Cobac» contre Me Ntamack Pondy et Me André Marie Owono.
En d’autres termes, ceux-ci doivent pouvoir réviser à la baisse les montants des honoraires réclamés à la CBC. Concernant l’affaire des 500 000 000 francs CFA encaissés sur les dossiers des sieurs Juimo Monthé et Hazim Hazim, d’aucuns invoquent, au sein de la CBC, une possible décision de la Cobac à l’encontre des deux avocats, commandant le remboursement des sommes indûment perçues, eu égard à la nouvelle orientation du dossier soufflée par l’administrateur provisoire aux enquêteurs.