Les prix des boissons devraient sans doute subir une nouvelle augmentation, et ça n’est plus qu’une question de temps. Les acteurs de la chaine des valeurs de l’industrie brassicole ne lâchent pas du lest. Après la Société anonyme des boissons du Cameroun (Sabc), qui soutient ostentatoirement l’idée d’une revalorisation des tarifs sur les boissons, les syndicalistes sont rentrés dans la danse.

Le Syndicat des distributeurs des boissons hygiéniques du Cameroun (Synadisbohycam) et le Syndicat national des exploitants des débits de boissons du Cameroun (Synedeboc) ont saisi le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana en fin avril dernier, pour lui faire part de leur intention d’augmenter les prix des boissons chez le consommateur final. En réaction, le chef du maroquin du Commerce, dans son rôle de régulateur du marché camerounais, a d’emblée rejeté cette démarche qui est empreinte de vices de procédure.

«Je me permets d’appeler votre attention sur le fait, fondamental, qu’en termes de procédures, qui ont force de loi dans le cas d’espèce, la bière et les boissons hygiéniques figurent bel et bien sur la liste des produits et services soumis à homologation préalable obligatoire des prix et tarifs par l’administration, après production d’un dossier en bonne et due forme, dont la responsabilité incombe soit au producteur soit à l’importateur, selon le cas », a-t-il précisé.

En effet, cette démarche devrait respecter les dispositions de la loi n°2015/018 du 21 décembre 2015 qui régit l’activité commerciale au Cameroun. Le ministre a cependant ouvert une brèche aux négociations, et convie les responsables desdits syndicats à une rencontre le 16 mai prochain à son département ministériel.

Au sortir de cette rencontre, les parties devraient sans doute s’accorder sur les marges à adopter sur les prix actuellement pratiqués, tant il est vrai que la Sabc, leader du marché, n’a pas cessé de faire pression sur le gouvernement au cours de ces dernières années, pour une augmentation des prix des boissons, notamment d’au moins 100F sur le prix de la bière. Au Cameroun, la bière se vend au prix public conseillé de 650Fcfa pour la contenance de 65cl, et n’a pas officiellement subi une nouvelle augmentation. Quoique l’on note une hausse relative de 50Fcfa sur le marché par certains tenanciers des débits de boissons.


Cette augmentation ne profite nullement aux producteurs, dans un contexte marqué par des tendances inflationnistes qui se sont emparées de l’ensemble des secteurs d’activité, déplore le Directeur général de la Sabc, Stéphane Descazeaud : «il devient de plus en plus difficile de trouver un bar qui vend la bière au prix public conseillé. La plupart ont déjà augmenté le prix. Pour la bière de 65cl, le prix public conseillé est normalement de 650Fcfa, mais acheter une bière à moins de 700 Fcfa, c’est très difficile. Les bières ont déjà augmenté sur le marché, mais ça ne bénéficie absolument pas au producteur».