Le Cameroun pourrait enregistrer une baisse significative de sa production de caoutchouc naturel entre juillet et septembre 2024, selon les prévisions publiées par la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). Cette perspective, issue du test prévisionnel de conjoncture de la banque centrale, repose sur des enquêtes menées auprès des chefs d’entreprises et d’acteurs clés du secteur au sein de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cemac).
Le document met en lumière plusieurs obstacles qui freinent l'activité dans cette filière stratégique. En tête, la dégradation des voies d’accès due au manque d'entretien des routes de campagne, et la maintenance insuffisante des infrastructures de transformation, telles que les usines et moulins.
Cependant, l'un des facteurs les plus préoccupants reste la situation précaire de la Cameroon Development Corporation (CDC), une entreprise publique majeure du secteur. Exploitant des plantations de bananes, d’hévéa et de palmiers à huile, la CDC a été durement touchée par la crise anglophone qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis 2016. En raison de l'insécurité, l'entreprise a suspendu ses activités entre septembre 2018 et mai 2020. Depuis, elle tente de relancer progressivement ses plantations, autrefois abandonnées et transformées en camps d’entraînement par les militants séparatistes.
Les prévisions pessimistes pour le secteur du caoutchouc au troisième trimestre 2024 surviennent à un moment peu propice pour les producteurs locaux tels que Hevecam, Sud Cameroun Hévéa, Socapalm et Safacam. Ces derniers bénéficient en effet d’une embellie des cours mondiaux du caoutchouc depuis fin 2023. Au premier trimestre 2024, par exemple, les prix de cette matière première ont enregistré une hausse de 25,8 % en glissement trimestriel, contribuant ainsi à l'augmentation des recettes d'exportation agricoles des pays de la Cemac, aux côtés du cacao.