Plus de 150 productrices ont pris part à un atelier fort couru vendredi dernier à la chambre d’agriculture. L’objectif au final est de développer les chaines de valeur. Sur une table sommairement dressée dans la grande salle de la chambre d’agriculture, plusieurs produits à base de farine de manioc attirent l’attention parmi lesquels : biscuit, amidon, farine panifiée de manioc, tapioca, alcool, patte alimentaire.
Le packaging et l’originalité des produits ne laissent personne indifférent. En effet, les agricultrices ont pris l’engagement de mettre en relief leur génie pour participer, à leur manière, au développement économique du Cameroun. « Je transforme le manioc en plusieurs produits. J’utilise la farine de manioc pour faire des pâtes alimentaires. J’ai même du pain à la farine de manioc dans le sac. Je vais le présenter également au cours de nos travaux. Audelà de ça, je fais aussi le vinaigre de plantain », indique Nicole Essengue, avec un sourire au coin des lèvres en guise de fierté.
Comme elle, plus de 150 femmes ont répondu présent vendredi dernier, à l’atelier organisé par The Okwelians en partenariat avec Denis & Lenora Foretia foundation et son Think tank, Nkafu Policy Institute. C’était sous le thème : « chaines de valeur agricoles, autonomisation des femmes et développement durable : cas de la filière manioc au Cameroun ». Le choix de cette filière n’est pas un hasard : « Le choix de la chaine manioc va dans le sens du Plan directeur d’industrialisation (PDI) et pour la politique d’import-substitution où nous devons, en interne, produire ce que nous consommons et sensibiliser les uns et les autres à consommer ce que nous produisons », explique Agnes Wotol, coordonnatrice adjointe du projet Rasig.
Et d’ajouter : « Le manioc est un produit très consommé. On peut le prendre du petit déjeuner jusqu’au diner. C’est pour cette raison que nous avons réuni des femmes qui font dans la culture, la transformation et la commercialisation du manioc pour prendre à la source leurs problèmes ».
L’objectif au cours de cet atelier était de recueillir les problèmes qu’elles rencontrent dans la production et la transformation du manioc. « On a des problèmes financiers, d’accès à la terre et un problème de machine pour transformer en grande quantité », confie l’une d’elle. Le but à la fin c’est d’arriver à l’industrialisation de la chaine de valeur manioc ; que le manioc soit accessible à tous et moins cher, les organisateurs.
La vision 2035 qui veut faire du Cameroun un pays émergent, démocratique et uni dans sa diversité et la SND 30, accordent à l’activité agricole et à l’agro-industrie une place importante dans la transformation industrielle. Si on veut que cette transformation industrielle soit durable et inclusive, il faut une équité du genre et une inclusion économique y compris informel, martèle Gabrielle Andela Kelle, la vice-présidente de The Okwelians.
La construction des chaines de valeur fortes est le seul gage d’une croissance soutenable et de création d’emplois décents au Cameroun et en Afrique, indiquent des experts. Cet atelier s’inscrit plus largement dans le cadre du projet régional Rasig dont le thème est : « Promouvoir les droits des femmes, la responsabilité, la sécurité et la gouvernance intégrée dans la région de la Cémac », que conduit Nkafu Policy Institute en synergie avec 11 Think Tanks des pays de l’espace Ceeac.