Le réseau routier camerounais continue de se détériorer, atteignant un état critique au milieu de l'année 2024. D'après les données obtenues lors des ateliers régionaux présidés en juillet dernier par Emmanuel Nganou Djoumessi, ministre des Travaux publics (Mintp), seulement 11,17% des routes sont en bon état à la mi-juillet 2024. Ce chiffre révèle une aggravation par rapport à fin décembre 2023, où 69,28% du réseau routier était déjà jugé en mauvais état. En juillet 2024, ce pourcentage est passé à 71,07%, représentant une dégradation supplémentaire de 1,8% en seulement sept mois.
Sur un réseau total de 121 873 kilomètres, cela signifie que plus de 86 500 kilomètres de routes sont aujourd'hui considérées en mauvais état. Les régions les plus touchées sont l'Extrême-Nord avec 85,8% de routes en mauvais état, suivie du Sud-Ouest (80,52%), du Nord-Ouest (79,55%), de l'Ouest (74,42%) et de l'Adamaoua (70,91%). Aucune des dix régions du Cameroun n'affiche plus de 25% de routes en bon état, ni plus de 30% en état moyen.
Malgré cette situation alarmante, le gouvernement a alloué d'importantes ressources pour l'entretien routier. Entre 2018 et 2024, 208,2 milliards de FCFA ont été transférés aux Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD), avec une priorité pour les communes qui ont reçu 195,3 milliards de FCFA, tandis que 12,9 milliards de FCFA ont été destinés aux régions. Cependant, ces efforts financiers, représentant en moyenne 21 milliards de FCFA par an, n'ont pas réussi à freiner la détérioration du réseau routier.
Sur les 2 670 projets enregistrés pour l'entretien de 19 307 kilomètres de routes durant cette période, 1 884 projets ont été achevés, représentant un taux de réalisation de 70,5%. Pourtant, les projets en cours souffrent de retards importants. Parmi les 157 projets routiers recensés pour un montant total de 1 470 milliards de FCFA, le taux d'exécution est de seulement 39%.
Le ministre des Travaux publics attribue ces retards aux difficultés financières, bien que son ministère figure parmi les mieux dotés en termes de budget. « Nous accusons des retards dans les exécutions en raison des contraintes économiques qui sont les nôtres. Les entreprises prestataires ne sont pas toujours payées dans les délais, ce qui affecte négativement le rendement », a-t-il admis lors d'une interview avec le média national.
La mauvaise qualité du réseau routier impacte directement le transport des personnes et des marchandises, notamment dans les grands bassins agricoles, compromettant ainsi les efforts de diversification économique et de politique d'import-substitution. Selon un rapport publié en décembre 2023 par le ministère de l'Économie, 92% des chefs d'entreprises du secteur industriel jugent l'état des routes déplorable.
Pour inverser cette tendance, les autorités camerounaises prévoient de consacrer une enveloppe de 217,79 milliards de FCFA à la désenclavement des routes communales, selon le Rapport d'exécution budgétaire de l'import-substitution annexé à la loi de finances initiale 2024. En parallèle, le ministère des Travaux publics estime à 759,2 milliards de FCFA les besoins financiers pour réhabiliter environ 29 kilomètres de routes d'ici 2025.