Le marché local des tôles ondulées connaît une inflation sans précédent. Nous avons approché l’unique producteur des bobines d’aluminium au Cameroun matière première dans la fabrication des tôles pour faire toute la lumière sur cette situation qui impacte le consommateur final.
Depuis plusieurs mois, une tôle ondulée de 2m, épaisseur 0,35 se vend au à 6000 Fcfa au lieu de 4400 Fcfa comme d’habitude. Celle de 3m de la même épaisseur est passée de 6600 Fcfa à 9000 Fcfa. C’est naturellement donc que les distributeurs pointent un doigt accusateur sur Alucam.
Approchés, les responsables d’Alucam tombent des nues. Le directeur d’usine Alucam Thomas Manga soutient que malgré la difficile conjoncture internationale de l’industrie de l’aluminium, justifiée essentiellement par la baisse des stocks mondiaux, la problématique environnementale en Chine et l’actualité sécuritaire en Ukraine, les prix de vente des produits laminés aux acteurs du marché local sont restés stables entre le 2e trimestre 2021 et le 1er trimestre 2022. Et pourtant, tous les indicateurs du marché et de l’environnement des affaires militaient pour leur augmentation.
Entre 2021 et 2022 le cours de l’aluminium a augmenté de plus de 40% tandis que les principales matières premières grimpaient de 30%. Le fret maritime quant à lui a triplé aussi bien sur le vrac qu’en conteneurs. Par conséquent, le directeur commercial d’Alucam estime que les rai- sons de cette inflation sont ailleurs.
« Le déficit de l’offre globale de tôles au 1er trimestre 2022 a favorisé la spéculation sur le marché. Profitant de ce contexte, certains acteurs locaux de la filière ayant une mainmise sur la distribution des tôles grâce à leur réseau intégré, ont procédé à d’importantes importations et ont fait exploser les prix à des niveaux injustifiés » a-t-il expliqué.
Patriotisme économique
Aujourd’hui, il est question de savoir comment stopper le business des spéculateurs véreux. « Pour stabiliser le marché, il faut augmenter la production » conseille-t-il. S’exprimant sur les raisons de la contraction de l’offre d’Alucam, le directeur commercial évoque des difficultés techniques dues en partie à la fourniture instable de l’énergie ; les contraintes de paiement imposées par la Beac ; les contrôles Pecae/Sgs avant embarquement; l’absence des devises.
Avec un statut à cheval entre le public et le privé et contrairement à ses concurrents, Alucam ne bénéficie pas par exemple des avantages de la loi de 2013 sur l’investissement privé au Cameroun. Il est reconnu qu’Alucam a toujours veillé sur la stabilité des prix de ses produits.
Cela s’est d’ailleurs vérifié au mois de juillet 2021 lorsque l’entreprise s’est limitée à une hausse modérée de 8% sur les prix de ses produits lorsque le marché en demandait une hausse d’au moins 25%. Les acteurs du secteur des matériaux de construction et les consommateurs avaient alors salué cette décision qualifiée de « patriotisme économique ».
Le mastodonte de métallurgie ne se laisse pas démonter par cette campagne de désinformation dont il fait l’objet. Il compte bien atteindre une bonne capacité de production à partir de juin 2022 et contribuer de manière significative à satisfaire sa clientèle directe constituée à 95% des onduleurs (transformateurs locaux des bobines en tôles).