L'hémorragie de travailleurs qualifiés inquiète de plus en plus les employeurs camerounais. Le phénomène, qui s'est accentué ces dernières années, menace désormais sérieusement la croissance économique du pays, selon le Groupement Interpatronal du Cameroun (Gicam).


Célestin Tawamba, président du Gicam, a récemment partagé des chiffres préoccupants : "De janvier à avril 2024, près de 6 000 Camerounais ont immigré au Canada". Ce chiffre s'inscrit dans une tendance plus large observée depuis près de deux décennies, avec "plusieurs centaines de milliers de personnes" ayant choisi de s'exiler, principalement vers le Canada mais aussi vers d'autres pays.


Le ministère camerounais de l'Économie, citant l'Organisation Internationale du Travail, rapporte qu'en 2020, le Cameroun a perdu environ 23 000 professionnels qualifiés, soit 2,2 % de sa population active qualifiée. "Ce phénomène, qui se caractérise par le départ des talents les plus qualifiés vers les pays développés, prive l'économie camerounaise de précieuses ressources humaines", souligne le rapport.


Bien que les raisons de cet exode soient complexes, une récente étude de la Ichikowitz Family Foundation offre quelques pistes. À l'échelle du continent africain, près de six jeunes sur dix envisagent de quitter leur pays dans les trois prochaines années, principalement pour des raisons professionnelles.


Face à cette situation critique, le Gicam a pris l'initiative de contacter le ministère en charge des affaires étrangères "pour discuter des mesures potentielles pour atténuer les effets" de cette migration massive. L'enjeu est de taille : trouver des moyens de retenir les talents tout en favorisant le développement économique du pays.

Cette problématique n'est pas unique au Cameroun. Selon l'Organisation Internationale pour les Migrations, le nombre de migrants africains vivant hors du continent a plus que doublé depuis 1990, atteignant 19 millions de personnes réparties entre l'Europe, l'Asie et l'Amérique du Nord.

Alors que le Cameroun cherche à stimuler sa croissance économique, la question de la rétention des talents s'impose comme un défi majeur pour les années à venir.