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Infos Business of Wednesday, 14 August 2024

Source: www.camerounweb.com

Cameroun : une loi pour encadrer la Couverture Santé Universelle en préparation

Cameroun : Une loi pour encadrer la Couverture Santé Universelle en préparation Cameroun : Une loi pour encadrer la Couverture Santé Universelle en préparation

Au Cameroun, la santé peine encore à figurer parmi les secteurs prioritaires du gouvernement, malgré les efforts croissants pour améliorer l'accès aux soins. En avril 2023, le pays lançait la première phase de sa Couverture Santé Universelle (CSU), destinée à offrir une protection sociale aux femmes enceintes et aux enfants de 0 à 5 ans. Financé à hauteur de 95 milliards de FCFA, ce programme a permis en un an de réaliser 140 416 accouchements, dont 7 066 césariennes, et de réduire le coût de l’hémodialyse de 10 000 FCFA pour deux séances hebdomadaires à 15 000 FCFA par an dans les 12 centres de dialyse du pays.

Malgré ces résultats encourageants, les autorités reconnaissent que la pérennité de la CSU passe par l'adoption d'une loi spécifique. Anicet André Mintop, coordonnateur national de la CSU, confie à EcoMatin : « La CSU ne peut pas être supportée uniquement par le budget de l’État. Il faudrait qu’il y ait une loi qui permette aux citoyens de contribuer. On ne peut pas demander de l’argent sans un encadrement juridique. » Actuellement, la CSU se limite à l’enrôlement dans les structures publiques et privées confessionnelles, mais une réforme légale est cruciale pour aller plus loin.

Cette loi en préparation vise à structurer le financement de la CSU en clarifiant les contributions des différents acteurs : entreprises, fonctionnaires, citoyens ordinaires. L'objectif est de créer un système de solidarité nationale, où chaque partie prenante saura exactement ce qu'elle doit verser pour financer cette couverture. « La loi est importante pour qu’un certain nombre de choses puissent avancer. Si on avait les financements, on aurait pu couvrir plus de soins », souligne Mintop.

Outre le financement, la loi apportera une clarté sur la gestion de la CSU. Un expert du secteur affirme que ce texte définira qui sera en charge de la gestion du système : un établissement public administratif ou privé, avec un caractère obligatoire pour tous. Les sources fiables indiquent que le projet de loi a déjà été élaboré et envoyé à la hiérarchie pour examen avant son adoption.

Cependant, malgré l’espoir suscité par cette potentielle avancée législative, de nombreux défis persistent. La Banque mondiale, dans sa Revue des finances publiques, souligne les obstacles que le Cameroun doit surmonter, notamment la maîtrise des coûts de la CSU et l’harmonisation des approches de financement des soins de santé. Le pays n'a toujours pas atteint l'objectif fixé par la Déclaration d’Abuja de 2001, qui recommandait d'allouer 15 % du budget national au secteur de la santé. En 2024, le budget du ministère de la Santé publique ne représente que 3,6 % du budget total de l’État, ce qui, selon la Banque mondiale, montre que « le secteur de la santé ne fait pas encore partie des secteurs priorisés par le gouvernement ».

Pour avancer vers une CSU efficace, l’économiste de la santé Albert ZE identifie quatre préalables : un système de santé solide et bien géré, des médicaments et équipements disponibles en abondance, une maîtrise des coûts des soins de santé, et un personnel de santé en nombre suffisant, bien formé et motivé. Ces conditions, associées à une loi sur la CSU, pourraient enfin permettre au Cameroun de garantir une couverture santé universelle durable et accessible à tous ses citoyens.