C’est en tout cas, ce que croit savoir notre ingénieur principal des travaux de télécommunications hors échelle, Godfroid Ondoua. Ella est formelle. L’accord signé entre Camtel et Mtn est très déséquilibré par rapport à l’opérateur public des télécommunications au Cameroun.
Et pourquoi ? Pour lui, en signant un accord de roaming local avec Mtn, Camtel va plutôt perdant parce que, non seulement, Camtel ne dispose pas d’un réseau Gsm, mais en outre, elle ne dispose que d’un réseau 3G dont les capacités voix et data sont extrêmement faibles et, pire, dont la couverture est extrêmement faible, en dépit des fanfaronnades de son management.
Conséquence : non seulement Camtel va se retrouver en train d’opérer perpétuellement comme opérateur mobile virtuel (Mvno) sur le réseau de son principal concurrent Mtn, tant pour la voix que pour la data mais, pire, cela se fera pratiquement sur toute l’étendue du territoire national, les localités où son réseau est supposé être opérationnel étant elles aussi concernées. C’est ainsi que parlant de la situation de Camtel, notre ingénieur indique que Camtel va opérer comme « Full Mvno » sur le réseau de Mtn, et éventuellement comme Mvne pour ses Mvno à lui, sous réserve que ces derniers puissent y trouver un quelconque intérêt, ce qui risque de ne pas être évident. En d’autres termes, il assurera « une sorte de revente de trafic » pour Mtn, à peu près comme le ferait un distributeur de crédit aux gérants de «Call-boxes », sauf qu’il disposera, entre autres, de ses propres cartes Sim, de son propre cœur de réseau, etc.
En d’autres termes, il achètera du crédit en gros auprès de Mtn, avant de le revendre à ses clients à lui, à travers ses propres cartes Sim, et que lesdites cartes Sim pourront indifféremment fonctionner sur les réseaux de Camtel et Mtn, pour celles d’entre elles qui vont se retrouver insérées dans des terminaux compatibles 3G et/ou 3G/4G, soit près de 40% de la clientèle potentielle. Pour notre ingénieur, il y a exactement 2 cas de figure qui se présentent, à savoir : on considère que la déclaration du Dg/Camtel, à savoir que le « local roaming » est mis en œuvre uniquement dans les « zones où le réseau Camtel n’est pas encore disponible », ce qui correspond effectivement à la situation qui prévaut sur le terrain.
Dans ce cas, comme Camtel déclare que son réseau couvre 65% de la population du Cameroun, alors ledit « local roaming » ne concernerait que les 35% de la population restante, à savoir celle qui se trouve essentiellement dans de rares petites villes, et dans les campagnes et qui, en pratique, a très peu de raisons valables d’acquérir une carte Sim Camtel, à supposer que l’on puisse en trouver dans les localités concernées, auquel cas les potentiels utilisateurs de Sim Camtel dans de pareilles localités se recruteraient parmi des clients Camtel occasionnellement de passage dans ces localité s . Comme on peut le voir, ce cas de figure n’a aucun intérêt, économiquement parlant.
Dans le second cas de figure, on considère que les cartes Sim de Camtel sont programmées de manière à ce que ce soient les terminaux qui les utilisent qui détectent la présence, ou non, du réseau Camtel.
Dans ce second cas de figure qui, économiquement parlant, est le seul à présenter un quelconque intérêt, quoique ledit intérêt soit en réalité marginal, l’on ne peut s’empêcher de faire les quelques observations ci-après :
1)- Seuls ceux des terminaux compatibles 3G, qui disposent par ailleurs de la bande 900 MHz en 3G, peuvent détecter la présence du réseau Camtel dans les localités par lui couvertes. Sauf que, même dans lesdites localités, l’absence d’une couverture vraiment continue du réseau Camtel risque, fatalement, de les amener à basculer de temps en temps sur le réseau Mtn, tant pour les communications vocales que pour les connexions data, voire à souvent y camper, obligeant Camtel à partager les maigres recettes susceptibles d’y être engrangées avec Mtn, entre autres ;
2)- pour tous les terminaux non-compatibles 3G, le réseau Camtel est pratiquement absent sur toute l’étendue du territoire national.
Par conséquent, ceux des potentiels clients qui viendraient à acquérir des cartes Sim Camtel, seraient pratiquement contraints de passer l’essentiel de leurs appels vocaux et autres Sms sur le réseau Mtn, contraignant de suite Camtel au partage des recettes avec Mtn, entre autres, avec un risque non négligeable que plus de la moitié desdites recettes ne reviennent finalement à Mtn ;
3)- Compte tenu du caractère pratiquement insignifiant du nombre d’abonnés dont dispose Camtel devant celui de ses concurrents (quelques dizaines de milliers d’abonnés, contre plus de 20 millions d’abonnés pour la concurrence), l’essentiel des appels vocaux passés par les clients Camtel se fera irrémédiablement en direction des réseaux concurrents, ce qui va contraindre Camtel à partager l’essentiel desdites recettes avec lesdits concurrents, avec Mtn comme bénéficiaire majeur des retombées financières qui en résulteront ;
4)- Ceux des abonnés disposant de terminaux compatibles 3G sus évoqués sont également, et malheureusement pour Camtel, ceux qui risquent de préférer passer leurs appels vocaux et autres messages écrits par WhatsApp, Messenger, etc., plombant davantage les maigres recettes que Camtel pourrait en attendre. Pour notre ingénieur, l’accord Camtel-Mtn est ce qui pouvait arriver de pire à la Camtel. Sa dénonciation a-t-elle été suivie ? Difficile à dire.