Dans le cadre de ses efforts pour stabiliser l'économie et contrôler l'inflation, la Banque des États de l'Afrique Centrale (Beac) lance une nouvelle opération visant à retirer 50 milliards de Fcfa du circuit bancaire. Cette opération s'inscrit dans une stratégie plus large de l'institution d'émission des pays de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et RCA), visant à résorber l'excès de liquidités qui circule actuellement dans les banques de la région.

Du 15 au 29 août 2024, la Beac émettra des bons à maturité de 14 jours, avec un taux d'intérêt nominal de 2,5 %. Cette émission fait suite à un mois de juillet particulièrement dynamique, marqué par des injections de liquidités record de 470 milliards de Fcfa. En intensifiant ces opérations de ponction, la banque centrale espère freiner l'accès au crédit, considéré comme un facteur aggravant de l'inflation dans la zone Cemac.

L'inflation reste une préoccupation majeure pour les économies de la région. Selon les prévisions du FMI, le Cameroun devrait enregistrer un taux d'inflation de 5,9 % en 2024, le plus élevé de la zone, suivi de la RCA (4,7 %), de la Guinée équatoriale (4,4 %), du Congo (3,6 %), du Tchad (3,1 %) et du Gabon (3 %). Face à ces perspectives, la politique monétaire de la Beac se veut plus stricte, avec pour objectif de contenir l'inflation tout en soutenant la croissance économique, qui est prévue en hausse à 3,3 % en 2024 contre 2,3 % en 2023.

Lors d'une conférence de presse en mars 2024, le gouverneur de la Beac, Yvon Sana Bangui, a indiqué que la banque centrale explore diverses options pour ajuster ses interventions sur le marché, tout en restant alignée sur son objectif de réduction de l'excédent de liquidités. Malgré ces mesures restrictives, la Beac a pris soin de réinjecter des fonds dans le système bancaire en juillet dernier, après une période de plus d'un an de resserrement monétaire. Les injections de liquidités de 165 milliards de Fcfa le 2 juillet, 185 milliards de Fcfa le 23 juillet, et 120 milliards de Fcfa le 30 juillet, ont toutes été largement sursouscrites, avec un taux de souscription atteignant 425 % pour la dernière opération du mois.