L’on n’aura finalement pas eu besoin d’attendre l’expiration du délai de dix jours donné par le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, aux opérateurs de la filière ciment pour lui faire des propositions en vue de mettre fin à ce qui s’apparente à un consensus autour du prix du sac de ciment, en dépit du frémissement né de l’entrée en activité de nouvelles cimenteries au Cameroun depuis peu.
L’on n’aura pas non plus à attendre 2017, date officielle d’entrée en activité du Turc Medcem Cameroun S.A, le quatrième opérateur dont on annonce que l’entrée sur le marché camerounais devrait faire péricliter les prix du ciment. Depuis hier, mercredi 28 octobre, l’opérateur historique Cimenteries du Cameroun (Cimencam), a procédé à la baisse du prix sur le sac de ciment CPJ 35. Il coûtera désormais 4350 F Cfa à Douala, 4700 F Cfa à Yaoundé, et 4750 F Cfa à Bafoussam, a-t-on appris de sources internes.
La variation du prix d’une ville à l’autre est due, explique-t-on, au coût du transport – il faut acheminer le ciment produit à Douala ou Figuil (Nord), en l’absence d’usines dans les autres villes ou parties du pays-. Après une période de plus de 5o ans durant laquelle Cimencam a régné sans partage sur le marché du ciment camerounais (exception faite du ciment importé jusqu’à une certaine période), la filiale du groupe français Lafarge a sans doute été contrainte à lâcher du lest, dans le nouveau contexte marquée par l’entrée en production, depuis plus d’un an, de Dangote Cement Cameroon S.A, et depuis mardi dernier de celle du Marocain Ciments de l’Afrique (Cimaf).
Bataille cimentée
Le premier a, avec l’entrée en activité de sa deuxième usine de Douala, une production annuelle de 1,5 millions de tonnes. Pas moins. Cimaf dont l’usine a été inaugurée mardi dernier par le Premier ministre, Philemon Yang, injecte déjà 600.000 tonnes de ciment sur le marché local. Ce qui porte désormais, avec les 1,6 millions de tonnes de Cimencam, l’offre actuelle en ciment à 3,6 millions de tonnes. Soit 0,8 millions de tonnes de plus que la demande nationale, qui tourne autour de 2,8 millions de tonnes.
Pour le consommateur, il y a bon espoir que la guerre des prix que vient de provoquer le tout premier opérateur du secteur du ciment au Cameroun va prendre des proportions des plus inimaginables dans les jours à venir. Les signes avant coureurs de cette bataille cimentée étaient déjà perceptibles à travers les prix que proposent depuis peu les cimenteries Dangote (4400 F Cfa) et Cimaf(4300) à Douala, tandis que Cimencam, dont les produits jouissent d’une certaine présomption de qualité par rapport aux autres, demeurait à 4600 F Cfa.