Selon un rapport publié par la plateforme Numbeo, spécialisée dans la collecte de données sur le coût de la vie à l’échelle mondiale, le Cameroun est désormais le pays africain où le coût de la vie est le plus élevé. Avec un indice de 37,34 pour le premier semestre 2024, le Cameroun se hisse à la tête des 16 pays africains inclus dans cette étude, tout en occupant le 72e rang mondial. Bien que cet indice soit en baisse par rapport à 2023 (42,27), le pays reste marqué par une forte pression sur les prix des biens de consommation, des services publics et des logements.
L’un des facteurs déterminants de ce classement est l’indice de loyer, qui, bien qu'en légère baisse, s'établit à 16,89 contre 16,95 l'année précédente. Cet indicateur compare les prix de location dans les villes camerounaises à ceux de New York, une des villes les plus chères au monde. En matière d’alimentation, l’indice des prix des restaurants est également en repli, passant de 40,35 en 2023 à 35,33 en 2024. Le coût des courses, un autre élément clé dans la détermination du coût de la vie, est aussi en légère baisse avec un indice de 34,56 contre 35,04 l'année précédente.
Malgré cette baisse relative, le pouvoir d’achat des Camerounais reste faible. L'indice du pouvoir d’achat s’élève cette année à 10,52, contre 8,72 en 2023. Cependant, cet indicateur reste largement inférieur à celui de pays comme l’Afrique du Sud (102,84), le Botswana (64,36) ou encore Maurice (43,19). Cette faiblesse du pouvoir d’achat est particulièrement préoccupante dans un contexte où, selon l’Institut national de la statistique (INS), 37,7 % de la population camerounaise vivait en dessous du seuil de pauvreté en 2022, soit environ 10,1 millions de personnes, avec moins de 813 FCFA par jour.
Les chiffres de Numbeo trouvent un écho dans les statistiques locales. Le taux d'inflation, mesuré à 5,7 % à fin juin 2024, est principalement alimenté par la hausse des prix des produits alimentaires (+7,6 %) et des coûts de transport (+14,9 %), deux secteurs en forte augmentation depuis 2023. D'autres facteurs, tels que les coûts du logement, de l'eau, de l'électricité et des combustibles, participent également à cette hausse, avec un indice de consommation de 3,5 % pour le premier semestre de l’année.
L’étude de Numbeo s’intéresse également à d'autres aspects de la qualité de vie, comme la perception de la criminalité, la qualité des soins de santé et des infrastructures de transport, mais c’est bien le coût de la vie qui reste au centre des préoccupations des Camerounais. Ce classement place le Cameroun face à des défis économiques complexes, dans un contexte mondial marqué par une inflation généralisée et une hausse des coûts de production.