Si des mesures adéquates ne sont pas prises, prévient Prince Mpondo, Président national de la Coalition des Consommateurs Camerounais (CCC), au cours d’un point de presse donné hier jeudi 6 janvier 2022, à Douala sur cette problématique et son inévitable impact sur le consommateur camerounais.
Au moment où le pays s’apprête à rentrer de plein pied dans la Can (Coupe d’Afrique des Nations) sur le plan économique se prépare un drame. D’après le président de la Coalition des Consommateurs Camerounais, dans le cadre de son travail de veille stratégique, d'étude et de recherche qui suit avec intérêt l'actualité nationale et internationale sur le prix des matières premières des produits de consommation de masse. Cette actualité relève Prince Mpondo, est marquée par la flambée des prix sur le marché international avec un grand impact sur l’économie camerounaise et la santé des entreprises en général, le panier de la ménagère en particulier. « Au vu des indicateurs du marché international, les difficultés rencontrées en 2021, peuvent s'accentuer en ce début d'année 2022 si des mesures adéquates ne sont pas prises », prédit-il au cours d’un point de presse donnée dans les locaux de la CCC à Douala.
En raison de l'importance de cette céréale dans nos habitudes quotidiennes de consommation, la problématique de la crise mondiale du blé retient particulièrement l’attention du responsable de cette organisation de Développement, de promotion, de Protection et de Défense des Intérêts et Droits des Consommateurs. En effet, explique Prince Mpondo, « plusieurs pays africains dont le Cameroun qui préfèrent le blé Russe en raison de sa valeur nutritive et de ses facilités de traitement par rapport aux exigences normatives et réglementaires nationales, subissent les effets du marché mondial ». Au niveau national, « les acteurs des secteurs de la minoterie et de la boulangerie ont soutenu que les coûts de production ont explosé du fait de cette situation et il leur devient très difficile d'équilibrer les charges », rapporte-t-il. Par exemple, le coût supplémentaire de production par sac de farine de 50 Kg est passé de 4500 Fcfa entre février et mars 2021, à 6500 Fcfa avec une perte globale mensuelle de 5 milliards de Fcfa pour l'ensemble du secteur.
Laissant les minotiers au bord du gouffre avec en perspective leur incapacité à pouvoir assurer l'approvisionnement du marché très bientôt. Pour leur part, les opérateurs du secteur de la boulangerie affirment subir une hausse progressive des prix de leurs matières premières depuis plus de 3 ans. Ils déplorent une augmentation des charges alors que le prix de la baguette du pain (125 Fcfa) est resté inchangé depuis 2009.
Dommages
Pour équilibrer leurs charges de production, ces acteurs évoquent un réajustement des prix. Soit pour ce qui est du pain, le relèvement du prix de la baguette à 175 ou 200 Fcfa, ou à défaut le retour au prix de 150 Fcfa comme en 2009. Ils sont confortés dans leurs propositions par le contexte africain où l'on note un réajustement des prix de la farine et du pain dans certains pays (Guinée Conakry, Burkina Faso, Sénégal). Ces situations sont de nature à créer l’inquiétude au sein de la communauté des consommateurs qui redoutent l’effet boule de neige. Parmi les conséquences, la CCC craint que les industries poursuivent la production en faisant supporter aux consommateurs les coûts additionnels générés par la conjoncture internationale. « Il y a risque d'inflation sur les prix de la farine et de ses produits dérivés. La politique gouvernementale de lutte contre la vie déjà mise en mal par le nouveau contexte mondial va davantage l'être », annonce Prince Mpondo. Egalement analyse-t-il, « minotiers et boulangers vont poursuivre la production tout en gardant inchangés les prix vendus aux consommateurs avec cependant un impact sur la qualité du produit. La qualité nutritive des produits comme le pain pourra en effet prendre un coup, idem pour le grammage ». Au-delà des conséquences, la CCC fait des propositions de mesures adéquates préservant les intérêts du gouvernement, du secteur privé et des consommateurs. Entre autres : La tenue d'une concertation entre l'administration publique, le secteur privé et les associations de protection des droits des consommateurs en vue de trouver le juste équilibre entre l'amortissement du choc extérieur et le prix final de vente aux consommateurs ; L’épuration par le gouvernement, de la subvention promise aux opérateurs du secteur meunier en 2011 ; L'octroi de nouveaux avantages fiscaux aux secteurs de la minoterie et de boulangerie à titre provisoire, en attendant le retour à la normale au niveau du marché international; La relance des activités de la Sodeblé fermée depuis plus de trois décennies déjà; Le soutien aux universitaires pour les travaux de recherche sur les substituts ou produits alternatifs au blé, etc.