Le 2 juin dernier, Rémy Rioux, le Directeur de l’Agence Française de Développement, a indiqué que les documents de la troisième phase du Contrat de Désendettement et Développement (C2D) seront signés à la fin du mois de juin. Le Quotidien Émergence édition du 17 juin dernier rapporte que ledit contrat se chiffre à 400 milliards de Francs CFA. Il rapporte que pour Rémy Rioux «cet important outil de financement devrait accorder la priorité au financement de projets de développement dans la partie septentrionale du Cameroun et dans le secteur agropastoral». Quels sont les gains de Paris et de Yaoundé dans cette affaire ?

Selon Omar Ndoumbe de la Société civile, le C2D «ne désendette pas vraiment le Cameroun dans la mesure où depuis l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE (Pays Pauvre Très Endetté) par notre pays et les annulations de dette consentie dans le cadre du Club de Paris, il continue quand même de payer ses dettes. Il est néanmoins conclu que dès que le Cameroun rembourse normalement sa dette, un tiers de la somme remboursée est immédiatement réinvestie dans des infrastructures locales».

David Eboutou analyste politique pense plutôt qu’«il s’agit d’un investissement stratégique de la France au Cameroun qui devrait à moyen et long terme produire d’énormes intérêts et plus encore, permettre à la France de continuer d’assurer son hégémonie dans la mémoire collective des Camerounais».

Edmond Mballa Elanga VII, sociologue, croit plutôt que le C2D désendette effectivement le pays. «Les fonds destinés au remboursement de la dette sont mis à la disposition de l’État du Cameroun pour un réinvestissement. Depuis le début du 1er programme, il y’a eu plusieurs projets qui ont relativement contribué à l’amélioration des conditions de vie des populations», dit-il.

Le Dr Ariel Ngnitedem, économiste spécialiste des Finances Publiques, déclare que le C2D a contribué à désendetter le Cameroun pour deux raisons: «La première est le fait que la dette concernée ne figure plus dans le stock de la dette du Cameroun et par conséquent n’est plus comptabilisée au sens premier du terme. La deuxième raison est la conséquence mécanique de la première. La remise de dette ayant donné lieu au C2D a arrêté de facto la génération des intérêts sur celle-ci».