Le rapport de la Commission nationale anti-corruption (Conac) au Cameroun, présenté en octobre 2023, indique que le préjudice financier subi par l’État en raison de la corruption et d'infractions assimilées s'est élevé à 4,6 milliards de FCFA en 2022. Ce chiffre est en baisse par rapport à l'année précédente, où les pertes avaient été évaluées à 44 milliards de FCFA. En 2021, la Société de recouvrement des créances du Cameroun (SRC) avait été accusée d'avoir fait perdre plus de 24 milliards de FCFA à l'État.
Le rapport précise que le préjudice financier est établi sur la base des missions d'investigation de la Conac, ainsi que des condamnations pécuniaires issues des décisions rendues par le Conseil de discipline budgétaire et financière (CDBF) et le Tribunal criminel spécial (TCS). Bien que les pertes aient diminué en 2022, cela ne signifie pas nécessairement une réduction de la corruption, mais peut refléter un essoufflement de la lutte contre la corruption.
Le CDBF a rendu 18 décisions en 2022, contre 24 l'année précédente, concernant des responsables ou anciens responsables de sept administrations publiques. Huit d'entre eux ont été reconnus coupables et ont écopé d'amendes spéciales, tandis que certains ont été mis en débet pour un montant total de 499 110 375 FCFA, représentant le préjudice financier subi par l'État.
Le TCS a rendu 21 arrêts définitifs en 2022 pour des affaires impliquant diverses institutions et a condamné 24 personnes à des peines d'emprisonnement ferme allant de 10 ans à l'emprisonnement à vie. Le montant total du préjudice financier subi par l'État du Cameroun dans ces affaires s'élève à 3 875 176 820 FCFA.
Le rapport mentionne également que de nombreuses dénonciations ont été reçues, notamment via la ligne verte, par courrier administratif, électronique et WhatsApp. Le détournement de biens publics est l'infraction la plus fréquemment signalée, avec 1 135 occurrences.
Selon l'indice de perception de la corruption de Transparency International, publié en janvier 2023, le Cameroun est classé comme le 34e pays le plus corrompu en Afrique en 2022 (142e mondial). Dans la région Cemac, le pays se classe deuxième derrière le Gabon en termes de perception de la corruption.