Infos Business of Saturday, 7 October 2017

Source: cameroon-info.net

Désindustrialisation de la CEEAC: le FMI au banc des accusés

Fonds Monétaire International Fonds Monétaire International

Selon l’hebdomadaire Intégration en kioske ce 3 octobre 2017, «les plans d’ajustement structurels (PAS) ont laissé une empreinte durable sur le décollage industriel de l’Afrique centrale», a-t-on entendu le 27 septembre 2017 à Douala au cours de la 33ème réunion du Comité intergouvernemental d’experts (CIE) organisée sous l’égide de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et placée sous le thème «Fabriqué en Afrique centrale: du cercle vicieux au cercle vertueux», souligne Jules Touka devant les experts de la sous-région et autres représentants d’organismes internationaux.

Cet économiste de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC) épingle, entre autres causes du retard de la sous-région en matière de développement industriel, le rôle négatif de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI).

Au milieu des années 80, les pays de la CEEAC (comme beaucoup d’autres sur le continent africain) traversaient pour la plupart une situation économique très difficile. La situation a poussé les institutions de Breton Woods à imposer les PAS. «Ces derniers reposaient sur le fait que les marchés sont efficaces mais que les interventions sélectives des gouvernements sont inefficaces du fait qu’elles déforment les signaux du marché; et que les pouvoirs publics doivent gérer l’économie au niveau macro et améliorer l’éducation générale et l’infrastructure tandis que le marché libre éliminerait les entreprises inefficaces, dégagerait des ressources productives pour d’autres plus performantes…Les PAS ont réussi à libéraliser le commerce et le secteur financier, en privatisant les entreprises publiques et en provoquant la dévaluation du CFA utilisé dans plusieurs pays», assume Jules Touka.

Selon lui, l’idée était que les pays développeraient leurs secteurs de produits de base agricoles, de produits obtenus par extraction, des minéraux, présentant des avantages comparatifs.

Dans la ville de Douala par exemple, pratiquement tout le monde s’est accordé à penser que les PAS ont aggravé la situation de l’industrie de la sous-région. «La performance industrielle au sein de la CEEAC a été décevante et beaucoup de pays ont connu une désindustrialisation prononcée et prolongée entre 1980 et 1990», évalue Pierre Nkunza, un expert venu de la République démocratique du Congo. Il appuie que «Pendant cette période, ce secteur a vu la production et l’emploi diminuer en raison de la concurrence des importations sur le marché sous-régional ; la dépendance accrue des biens importés a sapé la base industrielle faible de la plupart des économies de la CEEAC».

En rapport avec cet argumentaire, Hélène Tsobgni Tioma (directrice exécutive du Groupement des femmes d’affaires du Cameroun, GFAC) estime que «les PAS ont été un facteur majeur qui a empêché les pays d’Afrique centrale de restructurer leurs industries en se dégageant de la dépendance à l’égard des produits primaires». A en croire la Camerounaise, les plans d’ajustement structurels ont provoqué une baisse de l’indice de production de l’ordre de 45 % dans de nombreux pays de la CEEAC.