Pendant 12 ans, un réseau de détourneurs de fonds a sévi à la Banque internationale du Cameroun pour l'épargne et le crédit (BICEC), filiale locale du groupe français Banque populaire (BPCE).
Au sortir d’une enquête diligentée en mars 2016 au sein de cette institution bancaire par la Cobac, le gendarme du secteur bancaire dans la zone Cemac, il apparaît que ce réseau «impliquant des prestataires externes avec des complicités internes» a causé à la BICEC un préjudice financier estimé à plus de 50 milliards de francs Cfa, selon l’hebdomadaire français Jeune Afrique.
Ces détournements découverts en février dernier, quelques semaines après l’arrivée du nouveau Directeur général de cette banque, Alain Ripert, se sont faits, apprend-on, au moyen de nombreuses surfacturations et des factures fictives, régulièrement payées à des prestataires «via un circuit hors procédure».
Au cœur de cette manœuvre, indique le rapport de la Cobac, se trouvaient deux cadres de la banque. Il s’agit, apprend-on, du DGA, Innocent Ondoa Nkou, qui a dû démissionner (après 20 ans au poste) quelques semaines après la découverte du pot-aux-roses, et Samuel Ngando Mbongue, le directeur de la comptabilité et de la trésorerie, qui a été licencié avec quatre autres employés.
Une plainte a été déposée le 1er juin 2016 par les avocats de la BICEC, auprès du tribunal de grande instance de Douala, la capitale économique du pays, qui abrite le siège de la banque.
Fort de cette découverte de détournements de fonds, apprend-on, la BICEC, qui a réalisé un résultat net de 4,5 milliards de francs Cfa en 2015, en baisse de 63 % sur un an ; n’a pas pu distribuer de dividende à ses actionnaires, au rang desquels se trouve l’Etat du Cameroun qui contrôle 17,5% des actifs de cette institution bancaire.