World Cola de Boissons du Cameroun (anciennement SABC), CocaCola originel commercialisé par Gracedom Invest et American Cola de Source du Pays revendiquent chacun la prépondérance sur le marché. Souvent au détriment du client pris entre plusieurs offres.
Les Camerounais sont entre le marteau et l’enclume ces derniers temps. La cause ? La guerre commerciale et sans merci que se livrent trois sociétés nationales. Notamment les Boissons du Cameroun (anciennement Société anonyme des Brasseries du Cameroun) producteur de Word Cola; Source du Pays, fabricant d’Américain Cola ; et la multinationale CocaCola elle-même, propriétaire du produit et de la marque originels, représentée au Cameroun par Gracedom invest. Et pour gagner la guerre, chacune des trois marques adopte une tactique qui lui est propre. «Ma structure vent les trois Coca-Cola, vous les voyez dans les rayons. Mais, pour que le client distingue au mieux les trois, nous séparons les marques», confie une gestionnaire d’un grand supermarché de la place. Distribution Plus connue sous l’appellation de SABC, la société brassicole Boissons du Cameroun, apprend-on, dispose du plus vaste réseau de distribution. World Cola se retrouve partout à travers les dépôts disséminés dans tous les coins du pays. Il semble alors avoir l’avantage sur ses concurrents. Surtout que sans le vouloir, tout propriétaire de dépôt de boisson se voit livrer World Cola. Même si la commande n’est pas passée, les agents vous proposent de prendre soit des casiers, soit des palettes. «Est-ce que les Brasseries courent? Ils sont comme la chaîne nationale dans le monde médiatique. Tu veux, tu ne veux pas, tu vas prendre les World Cola», évoque AT, propriétaire d’un débit de boisson au lieu-dit Ayéné, dans les environs de l’Université catholique d’Afrique centrale (UCAC).
Bien plus, World Cola dispose des prix ne nécessitant pas l’ajout d’une pièce. Il suffit pour un client de disposer de 500 FCFA pour s’offrir la boisson. «La plupart de mes clients ne regardent pas le type de Coca. Ils posent 500 FCFA et prennent le produit», indique Ali, tenancier d’une boutique à Mvog-Mbi. Droit d’aînesse Pour marquer sa différence avec ses vis-à-vis, le nouvel acteur, en réalité ancien partenaire des Boissons du Cameroun et aîné de tous, mise sur son passé glorieux. Il ne change pas son étiquette. Cette stratégie amène les gens à revoir le Coca-Cola produit depuis des décennies. «Depuis que les anciennes bouteilles sont revenues sur les étals, les gens recommencent à prendre ce coca», renseigne Jules, vendeur dans un supermarché de la place. Jeanne Ngono, mère et fonctionnaire habitant Ahala dans le 3e arrondissement, est amatrice de Coca-Cola. Elle dit avoir retrouvé le vrai goût du Coca-Cola depuis quelques mois. Et pour faire la différence, elle tient son astuce. «Pour faire la distinction lorsque j’envoie l’enfant chez le boutiquier, je lui demande de dire qu’il veut l’ancien coca. Les boutiquiers comprennent», précise la dame. Pour montrer l’originalité, les promoteurs de ce Coca-Cola augmentent le prix.
Pour l’avoir dans la majeure partie des enseignes, il faut débourser 600 FCFA. La carte de la religion En dehors des deux cadors anciennement partenaires, Source du pays, aussi connue sous l’appellation «Planète», ne lâche pas prise. L’entreprise met sur pied sa stratégie pour écouler son American Cola. Son avantage commercial est d’avoir laissé la commercialisation des boissons alcoolisées à ses concurrents pour se concentrer sur celles non alcoolisées. Ainsi, apprend-on, elle distribue facilement ses produits dans les boutiques tenues par des Sénégalais, des Guinéens, bref les détaillants d’obédience musulmane. «Moi je suis musulman et je n’aime pas voir l’alcool.
Donc je vends principalement American Cola», affirme un gérant de boutique ouest-africain. Outre des camions et camionnettes de livraison, il y a des équipes de vente mobiles. Il est donc facile de tomber sur des tricycles arpentant les rues des sous-quartiers de la capitale. Olivier sillonne les petits coins de Nkoabang à bord de son tricycle rouge. Il livre les produits de Source du pays à des boutiquiers du lieu-dit Eboual Medzom. «Je viens ici tous les deux jours pour livrer les jus à Hamadou et Seydou. Dans ma cargaison, il y a bien évidemment American cola», indique le vendeur mobile. S’agissant du contenu, Planète bat ses adversaires, ajoute-t-il. Au lieu d’une bouteille de 1 L, il propose une de 1,25 L à 500 FCFA. Et le prix est le même que celui de la marque de Boissons du Cameroun. Et on le trouve dans presque toutes les boutiques». Quelques points communs tout de même. Tous les trois concurrents vendent ce produit sans sucre appelé Coca Zéro. Et tous les trois distribuent également en petites bouteilles et cannettes.