« Ressources naturelles et fuite des capitaux au Cameroun ». C’est le titre de l’étude que vient de présenter l’université de Yaoundé II, à travers trois de ses chercheurs. Il s’agit de Hans Tino Ayamena Mpenya, Clarisse Metseyem et Boniface Ngah Epo.
Selon cette étude, sur la période 1995-2012, la fuite des capitaux au Cameroun est estimée globalement à 17 milliards de dollars. Les chercheurs expliquent que, « l’estimation de la fuite des capitaux nécessite la prise en compte de la dette de long terme, de l’évolution des taux d’intérêt sur cette dette, du service de la dette, des investissements directs étrangers, des falsifications des transactions commerciales (fausses factures) et des transferts des migrants ».
Dans le volet des fausses factures, les chercheurs disent avoir comparé les déclarations du Cameroun avec celles de ses principaux partenaires commerciaux (France, Allemagne, Italie, Hollande, Espagne, Etats-Unis) pour les principales ressources naturelles du pays (pétrole et bois).
« Ces pays comptent pour 60% des exportations et 36% des importations du pays, sur la période d’étude qui s’étale de 1995 à 2012 », indiquent les chercheurs. Qui ajoutent qu'une analyse plus approfondie des fausses factures, pour l’échantillon des six principaux partenaires commerciaux du pays, montre que les fausses factures des exportations sont estimées à 10 milliards de dollars et celles des importations à 2,8 milliards de dollars sur la période sous revue.
Si l'on va par secteur, celui du pétrole, avec 7,2 milliards de dollars, est le plus touché par les fausses factures des exportations. Il est suivi de la filière bois (1,7 milliard de dollars). Les autres secteurs de l’économie (pétrole et bois exclus) sont dominés par la contrebande (1,7 milliard de dollars).
« Ces résultats soulignent la nécessité pour le gouvernement de renforcer le contrôle et la gouvernance des activités de ces secteurs. Des efforts supplémentaires doivent être faits, en ce qui concerne la qualité et la rigueur dans la mobilisation des ressources internes », conclut l’étude.