Infos Business of Sunday, 31 July 2016

Source: 237online.com

Don d'ordinateurs: Biya endette la jeunesse de 70 milliards

Paul Biya Paul Biya

Retour sur ces initiatives et leur impact réel sur cette cible. On ne parle que de ça au Cameroun. Paul Biya offre 500 000 ordinateurs à tous les étudiants inscrits dans les universités publiques ou privées.

L’on a appris de Jacques Fame Ndongo, le ministre de l’Enseignement supérieur que ce « geste » rentre dans le cadre du « Plan spécial jeunes » prescrit par le président de la République le 10 février 2016.

Le Minesup a donc signé mercredi dernier, avec la société chinoise Sichuan Telécom Construction Engeneering Co. Ltd, la convention dénommée, « e-national higher education », destinée à généraliser l’usage des TIC par les étudiants camerounais.

« Il s’agit, dit-il, d’une opération présidentielle et ponctuelle ayant pour objectif de mettre à la disposition de 500 000 étudiants camerounais des outils informatiques appropriés pour leur arrimage à l’économie numérique universitaire ».

Pour rappel, ce volet « dons d’ordinateurs » se limite à l’année académique 2016-2017. Le coût financier est de 75 milliards de F.Cfa.
Paul Biya a demandé à son ministre de l’Economie de s’endetter auprès d’Eximbank-Chine pour financer cette opération.

D’ores et déjà, les retombées politiques commencent à se faire ressentir. Les étudiants de l’Iai-Cameroun sont les premiers à exprimer leurs reconnaissances au chef de l’Etat. On attend les autres motions.

Mais cette sollicitude de Paul Biya auprès de la jeunesse n’est pas la première.

Lors de son discours à la nation le 31 décembre 2010, le chef de l’Etat avait annoncé le paiement des primes d’excellence aux meilleurs étudiants des universités camerounaises. Chaque étudiant sélectionné reçoit la somme de 50 000 F. cfa, ce qui représente les frais universitaires.

Malgré des irrégularités notées çà et là, les bénéficiaires continuent à percevoir cet argent.

Après cette initiative, et pour résoudre le problème de chômage au Cameroun, Paul Biya procède au recrutement de 25 000 jeunes diplômés dans la fonction publique en 2011.

« J’ai instruit le Premier ministre de procéder, (...) à un recrutement spécial, dans la Fonction publique, de 25 000 jeunes diplômés », disait-il dans son discours.

Cette phrase de Paul Biya était bien accueillie au sein des familles. Et justement, il a recruté. Et de nos jours, plusieurs jeunes ont trouvé un emploi stable, fondé leur famille.

La moitié de la population du Cameroun à 18 ans En février dernier, le chef de l’Etat remet ça. Il annonce la mise à disposition de 102 milliards de F. cfa dédiés au financement des projets des jeunes.

Dans ce discours, il invitait ses jeunes compatriotes à s’intéresser à l’économie numérique. Maintenant, il leur donne le matériel : 500 000 ordinateurs.

Pourquoi Paul Biya semble-il si attentionné envers les étudiants et les jeunes de manière générale ?

Les thuriféraires de son régime répondent de manière spontanée que c’est parce que la jeunesse est le « fer de lance de la nation », reprenant une de ses phrases.

Ce qui n’est pas faux. Mais pour mieux comprendre le choix de Paul Biya, il faut comprendre qui sont les jeunes camerounais, ce qu’ils peuvent, et ce qu’ils pensent de son pouvoir. D’abord, il faut rappeler qu’au Cameroun, les campus universitaires ont pendant longtemps été des théâtres des revendications diverses.

On se rappelle bien des années 1992 où le campus de Ngoa Ekellé a tenu toute la République en haleine. Des morts, des exilés ont été enregistrés.

Dans les années 2000 toujours à Ngoa Ekellé (2005), puis à Ngaoundéré (Dang) les étudiants ont montré qu’ils peuvent à tout moment mettre le Cameroun à feu et à sang. Bien plus, est de 22,1 ans dans l’ensemble, soit 22,3 ans chez les femmes et 21,8 ans chez les hommes.

Le poids démographique des enfants âgés de moins de 15 ans se situe à 43,0 %. La population potentiellement active est de 52,0%.

Le poids démographique des personnes âgées (60 ans ou plus) est de 5,0%. Pour autant, les sollicitudes de Paul Biya à la jeunesse sont-elles pertinentes ?

Répondentelles à ses aspirations ? Dieudonné Essomba, économiste, estime que l’idéologie du régime de Paul Biya est mauvaise. Pour lui, ces choix ne sont pas soutenables.

« Au lieu d’aller acheter des ordinateurs à l’extérieur, il aurait été plus profitable d’utiliser les 75 milliards pour installer une chaîne de montage sur place au Cameroun.

C’est ça la gouvernance. En fait, l’idéologie est mauvaise », conclut-il. Son avis relance le débat sur ce que le Cameroun pouvait faire avec autant d’argent.

Par exemple, pour relancer Camair-co, le constructeur Boeing préconise entre autres, que l’Etat finance la compagnie à hauteur de 60 milliards de F.

Les 75 milliards peuvent aussi fiancer huit usines ultramodernes de transformation de cacao créant 6600 emplois permanents, et plus de huit mille emplois non permanents.