Infos Business of Monday, 28 March 2022

Source: Le Messager N°5982

Électricité : un barrage-réservoir en vue à Memve’ele

Les coupures d'électricité sont de retour au Cameroun Les coupures d'électricité sont de retour au Cameroun

Selon l’annonce faite par le gouvernement, l’objectif est de stabiliser la production de cette centrale hydroélectrique.

Après un sérieux désinvestissement du secteur de l’énergie – dont le pays reste pourtant le plus important producteur au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) -, le gouvernement veut mettre enfin les bouchées doubles. Le 25 mars à l’Assemblée nationale, au cours de la séquence consacrée aux questions orales, le ministre de l’Eau et de l’Énergie (Minee), Gaston Eloundou Essomba, a annoncé un nouveau projet sur le fleuve Ntem où est déjà installée la centrale hydroélectrique de Memve’ele (211 MW), dans la région du Sud.

«En perspective, et pour atténuer les impacts de la variation de l’hydrologie du fleuve Ntem, le chef de l’État a prescrit l’accélération de la maturation du projet de construction d’un bar- rage-réservoir sur ce fleuve», a indiqué le membre du gouvernement.

Selon lui, le choix de construire un barrage réservoir s’explique par le fait qu’à la différence des centrales hydroélectriques de Songloulou et d’Edéa qui bénéficient de l’eau stockée dans les barrages réservoirs du bassin de la Sanaga, la centrale de Memve’ele ne bénéficie pas encore des mêmes capacités de régulation sur le fleuve Ntem.

En effet, des spécialistes du secteur ont toujours questionné le choix du gouvernement de construire une centrale hydroélectrique de 211 MW sur Ntem, cours d’eau donc le débit est suffisamment inférieur à celui de la Sanaga. L’on a, par exemple, observé une baisse drastique de la production de Memve’ele qui est passée de 90 MW disponibles 24h/24 durant toute à la période la Coupe d’Afrique des nations de football (entre janvier et février 2022) à une puissance de 30 MW seulement en soirée (entre 18h et 22h) et à 0 MW en dehors de ces heures, quelques jours après.

La conséquence de cette baisse de l’hydrologie est l’apparition d’un déficit de 60 MW dans le Réseau interconnecté sud (Ris). Cette puissance représente environ 30% de la consommation d’électricité de la ville de Yaoundé, dont la consommation à la pointe est de 225 MW. L’installation d’un barrage-réservoir ferait en sorte que la production ne baisse pas en période pendant la saison sèche comme ce fut le cas après la Can.
Indemnisations

Il faut signaler que le barrage hydroélectrique de Memve’ele en lui-même ne joue toujours pas, complètement, le rôle espéré. Attendue pour résorber le déficit énergétique sur le Ris, en remplacement du barrage obsolète de Song Loulou, la mise en service complète de cette infrastructure reste tributaire de la construction de la ligne d’évacuation Nyabizan- Yaoundé.

Avant la pose de la première pierre de l’infrastructure par le chef de l’État, le 15 juin 2012, la Chine et le Cameroun avaient signé une convention de financement de 541,5 millions de dollars US (environ 243 milliards de F CFA selon le taux de change au moment du contrat) dont 85% du montant accordés par EximBank China et 15% par l’État du Cameroun. Seulement, apprend-on, cette convention concernait exclusivement le barrage et l’usine de production de l’électricité.

En dehors des ouvrages d’évacuation de l’énergie, elle n’intégrait pas : l’assurance Sinosure de crédit à l’exportation et les commissions de gestion (environ 20 milliards de F) ; les voies d’accès conçues en deux phases (environ 50 mil- liards de F) ; la cité du maître d’ouvrage (environ 2,5 milliards de F) : la maîtrise d’œuvre (10 milliards de F). En février 2017, au moment où le barrage était quasiment achevé, le Cameroun avait dû solliciter un nouveau prêt auprès de Eximbank of China d’une valeur de 84 milliards de F pour la réalisation de la ligne de transport de l’électricité.

A date, selon nos informations, la ligne de transport de l’énergie sur le tronçon Nyabizan – Ebolowa, comprenant 294 pylônes, est prête. Reste cependant celle qui doit voir l’installation de 382 pylônes prévus pour porter les câbles entre Ebolowa et le poste de Nkolkoumou à Yaoundé. Les travaux restent inachevés. La faute à un décret d’indemnisation dans le Mfoundi et à la problématique du paiement des indemnisations aux personnes impactées sur le corridor de cette ligne.