L’un des facteurs remarquables de l’extraordinaire résilience du Cameroun ces dix dernières années marquées par la conjoncture économique défavorables a été sa grande capacité à recourir à des mécanismes innovants pour financer son économie. En dépit des soubresauts liés à l’environnement, la Direction générale du Trésor, de la Coopération Financière et Monétaire (DTCFM) s’est engagée dans une démarche d’amélioration continue du service rendu à ses usagers.
Le pays utilise un fonds d’amortissement à la BEAC pour le remboursement de sa dette à moyen et à long terme et les banques appliquent une pondération de risque réglementaire nulle à ses titres. En effet, pour chaque emprunt, la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (Beac) ouvre dans ses livres un compte d’amortissement. Chaque 15 du mois, période de pic de recettes fiscales, elle prélève un montant du compte unique du Trésor qu’elle reverse dans le compte d’amortissement.
A chaque échéance de remboursement, elle débite le compte d’amortissement pour créditer le ou les comptes des investisseurs ayant souscrits à cet emprunt. Des dires de Moh Sylvester Tangongho, Directeur Général du Trésor, de la Coopération Financière et Monétaire (DGTCFM), l’un des principaux artisans de ce qui est convenu d’appeler aujourd’hui une embellie, le bilan des réformes engagées ces dix dernières années est extrêmement positif.
En effet, la Direction du Trésor s’est résolument inscrite dans une démarche d’amélioration continue à travers la mise en œuvre des réformes structurantes touchant aux principaux métiers de l’administration. La DGTCFM a mis en œuvre toute l’ingénierie nécessaire pour s’approprier tous les outils innovants de financement de l’économie, ou encore de la comptabilité publique, dont les développements les plus palpables ont installé l’administration camerounaise dans une démarche transparente débouchant sur une meilleure allocation des ressources.
Le passage en comptabilité patrimoniale est à ce niveau le résultat le plus motivant, en ce sens que cette nouvelle comptabilité va permettre à l’Etat de maitriser son patrimoine. S’agissant du compte unique du Trésor, la décennie qui s’est achevée a permis de faire un diagnostic de fonctionnement de la première génération du compte unique mis en place en 2007, dans un contexte où les finances publiques étaient sous forte pression du fait des chocs auxquels le Cameroun a fait face.
Sous la houlette de la banque centrale, le Trésor public a été amené à repenser le Compte Unique du Trésor (CUT) dont l’implémentation est en cours. Toujours en termes de bilan, l’administration du Trésor a rapporté un encadrement non négligeable au secteur financier en respect des prérogatives reconnues par l’Institut d’émission. Dans le même ordre d’idées, le rôle prépondérant que joue l’administration du Trésor dans le financement de la décentralisation n’est pas à occulter.
Les grandes mutations
Sous la haute impulsion du Chef de l’Etat, les services de l’Administration du Trésor se sont déployés en matière de réformes de la comptabilité, de l’encadrement du secteur financier et de l’optimisation de la gestion de la trésorerie et autres. S’agissant de la gestion de la trésorerie, grâce aux réformes mises en œuvre pour assainir et moderniser la gestion des finances publiques, la situation financière est stable et la signature du Cameroun fait foi au niveau international.
Depuis son entrée sur le marché pour diversifier les sources de financement de son économie, le Cameroun n’a jamais connu de défaut de paiement. Comme innovation, on peut citer la mise en place en cours de la nouvelle architecture du Compte Unique du trésor qui se caractérise par un élargissement de son périmètre et qui prévoit de doter le Trésor Public camerounais de véritables correspondants. Ceci lui permettra de se refinancer à moindres frais réduisant ainsi le loyer de l’argent issu des émissions sur le marché monétaire de la BEAC et maitrisant du même coup la politique de paiement. En ce qui concerne la réforme comptable, la loi N°2018/012 du 11 juillet 2018 consacre la budgétisation par programme et la mise en place de la comptabilité patrimoniale.
La création en mars 2019 du comité interministériel de mise en œuvre et de suivi de la réforme comptable à la réforme. Ledit comité a mis en œuvre le plan global de gestion des finances publiques. Et dans ce plan global de gestion figure en bonne place l’amélioration du cadre juridique avec la transposition effective des directives de la CEMAC ainsi que la fiabilisation de l’assainissement des comptes publics au moyen du toilettage de la balance des comptes.
Pour ce qui est du passage en comptabilité patrimoniale, à travers le recensement et l’évaluation du patrimoine de l’Etat, elle constitue le point central de la mise en œuvre de la comptabilité en droits constaté. Elle s’articule autour de cinq objectifs majeurs à savoir : le recensement et l’évaluation du patrimoine de l’Etat, la préparation du bilan d’ouverture qui est tributaire de la nomenclature des immobilisations de l’Etat ou encore de l’élaboration de maquettes des états financiers.
La mise en place de la comptabilité matière et valeurs ainsi que le suivi des participations de l’Etat auprès des entreprises publiques et parapubliques doivent être prises en compte.
La codification
La plupart des partenaires techniques sont aujourd’hui satisfaits de la dynamique impulsée. L’instruction de codification et la comptabilité générale de l’Etat est finalisée. La vulgarisation de l’informatique est au centre du déploiement des grandes réformes du Trésor public. Il est aujourd’hui vital d’accroitre la qualité et la pertinence des informations mises à la disposition des autorités de gestion.
La rapidité et la souplesse de l’outil informatique permettent un traitement et une centralisation dans les délais utiles à la prise de décision. Des logiciels pour la gestion et le traitement de la comptabilité publique font leurs preuves à la DGTCFM. Il s’agit entre autres de Patriot, Cadre-Patrimony, Gidocep, et Simba pour les collectivités territoriales décentralisées.
On note donc que depuis quelques années, la dématérialisation des supports comptables et des pièces justificatives. Pour ce qui est de l’encadrement du secteur financier, des efforts considérables ont été effectués dans ce sens et les résultats sont suffisamment éloquents. Les secteurs de la banque, de la micro finance et celui des assurances ont été débarrassés des brebis galeuses et la plupart des acteurs respectent la réglementation en vigueur.
En outre, un accompagnement plus étroit des acteurs a été réalisé au cours de ces dix dernières années. Résultats des courses, plusieurs banques et établissements de micro finances ont été restructurés avec beaucoup de réussite. Le nombre de banques agréées au Cameroun a quasiment doublé au cours de la décennie qui s’achève. On en dénombre désormais 18, une avancée qui a contribué à améliorer l’inclusion financière au Cameroun.