Infos Business of Wednesday, 3 August 2022

Source: www.camerounweb.com

Engrais : la subvention qui ne fait pas courir

Le sac d’engrais demeure hors de portée du cultivateur moyen. Le sac d’engrais demeure hors de portée du cultivateur moyen.

Malgré la prise en charge promise de 30% du coût, le sac d’engrais demeure hors de portée du cultivateur moyen.

La tendance à l’abandon ou l’inutilisation des engrais chimiques pourrait changer dans les prochains jours, si l’information passe. A bonne source, le gouvernement s’est engagé à supporter 30% du coût global d’un stock d’engrais qu’il s’apprête à mettre à la disposition des producteurs. Une note d’information du Ministre de l’Agriculture et du Développement rural explicite, à l’attention de ses délégués territoriaux et des vulgarisateurs agricoles, les modalités de gestion de cette facilité, qui vise à ramener les paysans au champ. L’on se souvient qu’interrogé sur la flambée des prix des intrants le 1er juillet 2022, Gabriel Mbairobe avait rassuré les parlementaires sur l’attention que le gouvernement portait à cette situation dommageable pour les agriculteurs. « Le gouvernement avec l’aide de la Banque Africaine de Développement a mis en place un plan d’urgence sur trois ans, pour supporter l’agriculture, non seulement en supportant à hauteur de 30% le prix des engrais, mais en rendant disponible des semences de bonne qualité » avait-il déclaré.

Mieux vaut tard que jamais, pourrait-on dire. Début mai 2022, une cargaison de 17.936 tonnes d’engrais a été débarquée au Port autonome de Kribi, en provenance de la Russie, ce pays en guerre contre l’Ukraine qui cumule 43% des importations de fertilisants du Cameroun en 2020. Propriété marchande de la société importatrice Agp, basée à Douala, ce sont ces engrais arrivés dans un contexte de pénurie relative et d’inflation qui ont permis un temps de combler une portion de la demande. Il en faut davantage.

Sauf que sur le terrain, le projet de subvention du prix des engrais qui est né du constat selon lequel les agriculteurs ont des difficultés à mettre en œuvre leurs politiques de culture, ne fait pas courir. Interrogé sur l’engouement des agriculteurs à s’approvisionner suite à la communication de cette subvention, dans la localité de Bazou, une zone où prospère le maraîchage, le Délégué d’arrondissement de l’Agriculture et du Développement rural s’est montré prudent, évitant de donner des chiffres sur les commandes. Même ailleurs, l’enthousiasme n’est vraiment pas au rendezvous car les paysans jugent élevé le coût de cet intrant pourtant nécessaire pour assurer une bonne production.

Avec la mesure gouvernementale, un sac d’engrais de 50 kilogrammes qui coûte
actuellement 40.000F (au lieu de 19.500F en novembre 2021) va revenir à 28.000F, puisque l’Etat aura supporté 12.000F. « La mesure gouvernementale est un pas mais il est insuffisant. Pour résoudre véritablement le problème et obtenir une adhésion des cultivateurs, il faut que la subvention couvre la totalité du surcoût créé par l’inflation », analyse un agroéconomiste