Infos Business of Wednesday, 20 December 2017

Source: actucameroun.com

Espoirs et peurs pour le rêve portuaire de Kribi

Le port de la cité balnéaire n’a toujours pas démarré ses activités Le port de la cité balnéaire n’a toujours pas démarré ses activités

A Kribi, le joyau portuaire brille de mille feux. A croire que la dernière couche de peinture a été posée il y a peu. Et pourtant. Cela fait plus de trois ans que les travaux de la première phase du port de la cité balnéaire sont achevés. Cette fraicheur des lieux, rehaussée par la brise marine, est due à l’inactivité. Le port est presque vide.

Seuls les agents de sécurité effectuent des rondes régulièrement. Aucun déploiement particulier, aucun bruit d’engin effectuant des manœuvres. Le quai de 774 mètres est parsemé d’une vingtaine de conteneurs appartenant au groupe Bolloré, l’un des trois concessionnaires du terminal à conteneurs. Ils ont été déposés il y a quelques semaines par l’un des rares navires qui ont déjà accosté ici depuis la fin de la construction du port.

Le 12 décembre dernier, à l’occasion d’une visite des médias organisée par l’Ambassade de Chine au Cameroun, c’est un océan calme qui accueille les visiteurs. Un silence troublé quelques fois par des oiseaux qui pêchent en plongée au loin, presqu’à la ligne d’horizon. Aucun bateau en vue. Si ce n’est les remorqueurs qui voguent paresseusement sur les eaux. Le curieux peut admirer des poissons qui se rapprochent sans peur du quai.
Faute d’une réelle activité au quotidien, le port de Kribi est plutôt devenu une sorte de destination touristique. De nombreux visiteurs viennent pour admirer ce qui doit être le plus grand port d’Afrique centrale. On en croise quelques-uns ce jour-là.

Cette description digne d’un lieu de plaisance révèle un malaise profond. L’inertie dans laquelle est plongée l’infrastructure portuaire de Kribi a en effet déjà causé de sérieux dommages sur plusieurs équipements. Sous anonymat, une source sur place indique que les deux portiques qui se dressent avec une certaine majesté sont tombés en panne.

L’un a heureusement été remis en marche, mais l’autre attend toujours des pièces de rechange. Ils auraient déjà été commandés. Les deux remorqueurs que l’on aperçoit en mer ont également des problèmes. Sans avoir réellement jamais été utilisés, plusieurs équipements du port crient ainsi leur envie de servir en tombant en panne. Un contrat de concession du terminal à conteneurs a pourtant été signé le 25 juillet dernier entre l’Etat du Cameroun et un consortium constitué des groupes français Bolloré Transport & Logistics et Cma Cgm, et du groupe chinois CHEC.

Le ministre des Transports, Edgard Alain Mebe Ngo’o annonçait ensuite que trois mois suffiraient pour que les activités du port de Kribi soient lancées. Cette échéance est dépassée depuis le 25 octobre 2017.

Complexe industrialo-portuaire

Le port de Kribi fait partie d’un ensemble plus vaste dénommé « complexe industrialo portuaire ». En dehors du port lui-même, il a été prévu, la construction d’une voie ferroviaire qui doit partir de la cité balnéaire jusqu’à la région de l’Est. Cette planification incluait alors un projet d’extraction du fer dans la localité de Mbalam. Ledit projet est en stand-by car le cours mondial du fer a chuté, et l’entreprise australienne qui avait exprimé son intérêt a reculé. Le rail qui devait faciliter le transport de ce minerai jusqu’à un terminal minéralier n’a donc pas encore vu le jour.

En plus de la voie ferroviaire, le port devait être entouré d’une cité industrielle, destinée aux entreprises qui allaient y exercer leurs activités. Au moment de la visite du 12 décembre dernier, ladite cité était introuvable. Le port est toujours aussi isolé, côtoyé plutôt par des eaux et de la forêt.

Jusqu’ici, le seul projet qui avance à un rythme acceptable c’est la construction de l’autoroute Kribi-Lolabé, longue de 38,5 Km. Les travaux sont exécutés par la China Harbour Engineering Company (CHEC), la même entreprise chinoise qui a construit le port. Ses responsables avancent avec assurance que les travaux de cette route devraient être bouclés d’ici juin 2018. Une extension vers la ville d’Edéa est envisagée. L’autoroute aura un péage automatique et deux autres péages de maintenance à l’entrée et à la sortie. Le dispositif électronique sera géré depuis une station dont les travaux sont en bonne voie.

Quant au port de Kribi en lui-même, il doit encore être agrandi. Pour la deuxième phase en effet, il faut encore faire sortir de terre et de l’eau, un autre quai de 700 mètres. Le projet attend toujours les financements pour l’exécution des travaux qui doivent durer 5 ans.