La première phase de mise en eau de Lom Pangar, le plus grand barrage du Cameroun, a été lancée ce 26 septembre. Cet ouvrage est censé augmenter et réguler la production électrique à l’échelle nationale.
Un volet de ce projet est consacré au désenclavement énergétique de la région Est, très en retard sur le reste du pays. Une situation qui a empiré ces vingt dernières années. Reportage.
Lorsqu’on arrive à Batouri pour la première fois, à la tombée de la nuit, on est saisi par un bruit. Pas ce vacarme familier des villes camerounaises où d’énormes enceintes bas de gamme crachent les derniers tubes à la mode.
Pas non plus le rugissement de poids lourds hors d’âge qui traversent à tombeau ouvert l’unique artère de la ville dans un nuage de vapeur de gasoil et de poussière. Mais un bruit sourd, régulier.
Un ronflement mécanique qui naît quand le soleil se meurt à l’horizon. Cette nocturne rengaine est le chant de centaines de groupes électrogènes qui permettent à cette préfecture de l’est du Cameroun de croire faire partie du XXIe siècle… tant que le carburant ne manque pas.
Il fut un temps où les habitants de cette bourgade aurifère connaissaient le confort d’un réseau électrique stable et continu. Mais un jour, les générateurs sont partis, emportant avec eux tout espoir de développement. Une époque qui semble proche et que personne pourtant n’arrive à dater avec précision.
Comme si les mémoires avaient été plongées dans l’obscurité en même temps que les rues de cette ville. Il faut dire qu’ici, dans le département de la Kadéy, on apprécie l’électricité au jour le jour.