Le 10 juillet 2023, le ministre camerounais des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières, Henri Ayébé Ayissi (photo), a notifié au délégué départemental de son département ministériel pour l’Océan, à Kribi, l’annulation de 127 titres fonciers délivrés à des individus sur le site abritant le projet d’exploitation du gisement de fer de Lobé.
Me référant à votre rapport d’enquête relative au réexamen des procédures dont la référence et l’objet sont repris en marge, et considérant les éléments probants et pertinents qui y sont consignés, j’ai l’honneur de vous faire connaître que par arrêté signé ce jour, j’ai procédé au constat de nullité des titres fonciers irrégulièrement établis dans la zone impactée par le projet d’exploitation industrielle du fer de Lobé», annonce le ministre Eyébé Ayissi à son collaborateur. Dans la même veine, ce membre du gouvernement annonce que «les procédures d’immatriculation directes sollicitées sur le même site, en violation des dispositions réglementaires, sont définitivement suspendues, de même que l’ensemble des dossiers techniques y relatifs est frappé de nullité». À l’analyse, pressentant l’aboutissement heureux du projet d’exploitation du gisement de fer de Lobé, à Kribi, des personnes se sont ruées sur le site pour acquérir des parcelles et se faire établir des titres fonciers de manière irrégulière. Avec pour finalité de pouvoir bénéficier des indemnisations afférentes à ce projet minier. L’on se souvient que le changement du site du port en eau profonde de Kribi, initialement annoncé à Grand Batanga, avant d’être finalement construit à Mboro, pour des raisons techniques, avait donné lieu à une ruée des acquéreurs de terrains, dont d’importantes personnalités du pays, sur le nouveau site du projet. Résultat des courses, la commission d’identification et de recensement des personnes expropriées, dont 10 membres se retrouveront finalement en prison pour avoir falsifié la liste des bénéficiaires, avait présenté au gouvernement une enveloppe record des indemnisations, d’un montant de 20 milliards de FCFA. Après des dénonciations qui avait donné lieu à l’ouverture d’une enquête, le gouvernement avait finalement pu économiser 9 milliards de FCFA en toilettant la liste initiale, avait révélé la ministre des Domaines d’alors, Jacqueline Koung à Bessiké de regrettée mémoire.
Nouveau scandale évité
De ce point de vue, l’annulation des titres fonciers et la suspension de toutes les transactions sur le site devant abriter le projet de fer de Lobé, que vient de décider le ministre Eyébé Ayissi, devrait éviter au gouvernement un nouveau scandale lié aux indemnisations, après celui sur le projet du port en eau profonde. Ce d’autant que dans son adresse à la nation le 31 décembre 2022, Paul Biya, le chef de l’État, a annoncé le démarrage effectif d’au moins deux projets miniers dans le pays au cours de l’année courante, dont celui du fer de Lobé. «Une étape décisive a déjà été franchie dans la réalisation de ces différents projets, avec la signature des conventions minières y afférentes et l’octroi de permis d’exploitation aux entreprises adjudicataires», avait révélé le président de la République. Le projet d’exploitation du fer de Lobé est conduit par la société Sinosteel Cam SA. Il couvre une superficie de 138 km dans la région du Sud du Cameroun. D’un potentiel de 632 millions de tonnes de fer d’une teneur moyenne de 33%, le projet devrait permettre de produire chaque année 10 millions de tonnes de fer d’une teneur moyenne de 33% pendant 50 ans. L’enrichissement du minerai devrait également permettre de produire chaque année 4 millions de tonnes de fer d’une teneur de plus de 60%.