La cérémonie de diffusion du document annoncée pour le 04 mars 2016 à Yaoundé, a accouché d’une souris. Des heures et des heures à palabrer sur la méthodologie d’un travail qui ne demandait qu’à être mis à la disposition du public par le biais des médias. Sans données fiables, les espoirs de sortir du marasme énergétique s’éloignent plus que jamais. Un rapport qui a fait mentir Basile Atangana Kouna. Comme si vous y étiez, Camer.be dans ce reportage spécial, vous promène dans les arcanes de ce qui apparait comme une grosse arnaque, une esbroufe de mauvais goût et pour le consommateur, et pour le contribuable.
« Cérémonie de diffusion du rapport 2015 de la situation énergétique au Cameroun, Yaoundé, 04 mars 2016, 10 heures, hôtel x », tel était libellé, l’évènement qu’a tenu hier dans la capitale camerounaise, la Cellule du système national d’information énergétique (Csnie). Une structure sous tutelle du ministère de l’Eau et de l’Energie (Minee). Rendez-vous qui aurait pu offrir des hypothèses de réponses (espoirs) aux populations de Douala « sinistrées » par trois jours de manque d’électricité.
Seulement, il n’en fut rien de tout cela. Après l’exposé sur diapo de Ndokap Epse Eya Ignès la chef de la Csnie, place a été donnée aux échanges. Une séquence qui a donné lieu à des critiques tous azimuts des différents partenaires venus s’enquérir du 6è rapport sur la situation énergétique au Cameroun. « J’aimerais savoir pourquoi entre 2011 et 2014, il n’y a pas eu de rapport ? », demande quelqu’un dans la salle. « Comment, ne figure pas, les données que nous avons mises à la disposition du Minee, alors que cela nous a pris beaucoup de temps », demande le représentant d’Hygiène et salubrité du Cameroun (Hysacam), entreprise chargée de la collecte des déchets ménagers.
« Hysacam ne collecte les déchets que dans les 14 plus grandes villes du Cameroun. Bien plus, ne sont considérés ici que Yaoundé et Douala. Est-ce que les données sur la bioélectricité peuvent être fiables, étant entendu que celles-ci, ne couvrent pas l’ensemble du territoire national » demande un cadre de l’Institut national de la statistique (Ins). En somme, l’Ins questionne le taux de couverture du territoire.
« Et pourquoi n’avez-vous pas interrogé les collectivités territoriales décentralisées les Pndp (Programme national de développement participatif, Ndlr) qui font chaque fois un monogramme de la situation énergétique ? Nous constatons que vous avez adopté une démarche descendante, sans descente sur le terrain, en demandant aux administrations de vous envoyer leurs informations », s’étonne un autre intervenant dans la salle.
Quid de la Banque africaine de développement (Bad) ?
Présente dans la salle pour le pseudo diffusion du rapport 2015 sur la situation énergétique au Cameroun à travers une de ses représentantes, l’institution ne passe pas par quatre chemins pour décrier la précarité scientifique des travaux de la Csnie. « Je demande s’il n’y a pas eu une évaluation à mi-parcours de ce rapport pour voir s’il n’y avait pas de recommandations à faire. Je ne peux donc pas parler de ce que je ne connais pas.
Nous bailleurs de fonds, nous ne nous intéressons pas aux choses non détaillées », scande la dame de la Bad. A toutes ces récriminations, la Csnie a au moins eu le mérite subtil de faire amende honorable, en reconnaissant les lacunes du rapport, et en promettant de faire mieux dans le futur. Une Csnie qui ne s’est pas privée de demander à la Bad de l’accompagner « pour mieux faire dans les prochains rapports ».
Le ministre de l’Eau et de l’Energie fait menteur par la Csnie
A l’étirement somme toute ennuyeux de la querelle méthodologique sur la conduite du rapport 2015 sur la situation énergétique en l’absence de Basile Atangana Kouna représenté à la cérémonie par son conseiller technique N°1, la presse, dans le cadre des ses missions d’interface des populations, est intervenue. « Vous voulons l’information, c’est-à-dire les chiffres. Informer les populations sur la situation énergétique en 2015. Il s’agit d’une diffusion (présentation) du rapport, et non d’autre chose qui aurait pu être faite en amont. C’est comme si, venir discuter de la composition des épreuves d’un concours le jour de la proclamation des résultats », lance un confrère dans la salle.
Après une première promesse aux Hommes de médias d’avoir le rapport par mail, une ferme assurance leur est donnée plus tard de l’avoir dans quelques minutes, en version papier. « Attendez un peu les journalistes, les rapports arrivent, vous les aurez tout à l’heure », lance quelqu’un de la Csnie. Chose aussitôt contrariée par le même bouc-émissaire: « Excusez-nous les journalistes, les rapports c’est pas (Sic) pour la presse, c’est seulement pour les partenaires ».
Et la presse, a dû se contenter d’une plaquette semée d’incantations creuses et vaseuses dont Basile Atangana Kouna le ministre de l’Eau et de l’Energie (Minee) qui en signe la préface, reprend à enterrer sa propre intelligence de docteur en Sciences politiques, les discours du chef de l’Etat sur l’Energie.
« Conformément à l’engagement du chef de l’Etat dans le Dsce (Document de stratégie pour la croissance et l’emploi, Ndlr), relativement à la mise en place d’une gouvernance participative, la réalisation de tout ceci doit s’accompagner de la diffusion systématique des informations sur les actions du gouvernement », cite le Minee dans la plaquette de la situation énergétique de l’année 2015 au Cameroun.« C’est ainsi que le ministère que ministère de l’Eau et de l’Energie (Minee) à travers la Cellule du système national d’information énergétique (Csnie), s’attèle en application de son cahier de charges, à produire régulièrement des documents statistiques qui regroupent et synthétisent l’information énergétique.
Au-delà de la nécessité d’informer le public et les acteurs des différents secteurs d’activités, il s’agit en effet, de disposer d’informations fiables et détaillées à même d’orienter objectivement les choix stratégiques et l’action gouvernementale », renchérit l’ancien Dg de Cameroon water utilities corporation (Camwater).
Et de finir la béatification : « Ainsi, le présent rapport sur la situation énergétique du Cameroun, édition 2015, en est le principal résultat. Il est le fruit d’un travail d’envergure et présente une analyse pertinente des données du système énergétique pour la période 2005-2014. Il est donc de trouver en ce précieux document un tableau de bord qui guidera les acteurs du secteur ».