Le 8 août 2024, la République centrafricaine a été secouée par un nouveau scandale de faux billets, un phénomène qui prend de l’ampleur dans la sous-région de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cemac). Trois individus, de nationalités camerounaise, sénégalaise et centrafricaine, ont été interpellés par la police nationale avec une somme colossale de faux billets. D'après les informations recueillies par le confrère EcoMatin, cette saisie pourrait avoisiner le milliard de francs CFA, bien que la police ait officiellement mentionné un montant de 50 millions de francs CFA.

L'opération, menée par la police centrafricaine, a mis en lumière l'existence d'un réseau bien organisé, infiltrant même les hautes sphères des autorités locales. Le Commissaire principal, Éric Dangala, a déclaré : « Il s’agit d’une entreprise d’hommes bien organisés qui œuvrent en complicité avec certaines autorités centrafricaines, qui trouvent dans cette activité un moyen facile et rapide de s’enrichir ».

L'enquête a débuté avec l'arrestation de Da Sylva Molo, qui a conduit à l'appréhension de deux autres membres du réseau dans le quartier PK5 de Bangui. L'un des suspects, Abdoulaye Aboubacar, a avoué à la police que les faux billets avaient été fabriqués à Douala, au Cameroun, avant d'être expédiés par voie terrestre vers la Centrafrique. Les trois faussaires sont actuellement détenus à la brigade des recherches et investigations, tandis que l’enquête se poursuit pour identifier d'autres complices potentiels.

Ce scandale rappelle un autre incident survenu en mai dernier dans la zone des trois frontières (Cameroun-Gabon-Guinée équatoriale), où Gregorio Nsue Ondo Obono, chef d'agence de la Banque des États de l'Afrique centrale (Beac) à Ebibeyin, avait été arrêté au Cameroun avec 1,5 milliard de francs CFA en faux billets. Cette arrestation avait révélé un réseau transfrontalier impliquant des hauts responsables de la sécurité en Guinée équatoriale et au Cameroun, illustrant l'ampleur du problème dans la sous-région.

Face à la montée des contrefaçons, Yvon Sana Bangui, gouverneur de la Banque centrale, a tenté de rassurer le public en soulignant la sécurité des nouveaux billets émis par la Beac. « La nouvelle gamme de billets bénéficie des dernières technologies en matière de signes de sécurité visibles et invisibles, afin de les rendre quasiment infalsifiables », a-t-il déclaré dans une interview accordée à EcoMatin. Cependant, il a reconnu que les périodes de transition entre les anciennes et nouvelles coupures sont souvent exploitées par les faussaires, surtout dans les zones reculées où les populations sont moins informées.