Avec la chute des cours, Cam Iron a licencié 92% de son personnel. Le reste des effectifs est réduit à la surveillance des équipements sur le site en attendant le retour de l’embellie.
Sur le site d’exploitation du fer de Mbalam, dans le Haut-Nyong, région de l’Est, le visiteur est accueilli, ce 19 janvier 2016, par un calme plat. De près ou de loin, aucun bruit assourdissant d’une machine n’est perceptible. Ce n’est pas la grande effervescence. Et d’ailleurs, au niveau du check-point, situé au carrefour Ntam, à la frontière avec le Congo, les habitués du lieu peuvent constater que le vigile, recruté pour filtrer les entrées et les sorties, n’est plus en poste. « C’est le service minimum qui est assuré ici», indique Banla Collins, le site-manager. 237online.com Cam Iron, filiale camerounaise de l’entreprise australienne Sundance Resources, chargée d’exploiter ce gisement de fer veut réduire ses dépenses, en commençant par ses effectifs. « D’environ 80 employés au départ, ils n’en reste plus que six en activité à Mbalam », apprend-on. Ces ouvriers sont uniquement chargés d’assurer la maintenance des équipements. Une situation qui a également abouti à la réduction du soutien habituellement apporté aux populations riveraines.
Conjoncture défavorable
En réalité, ce projet structurant auquel l’Etat tient connaît d’énormes difficultés pour sa mise en route. Mardi, 19 janvier dernier, le ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), Louis-Paul Motaze, révélait au cours d’un déjeuner de presse à Yaoundé que « C’est le 10 juillet 2015 que l’entreprise australienne a avoué son incapacité à lever des fonds pour faire démarrer l’exploitation de la mine ». 237online.com Cette dernière est située de part et d’autre de la frontière entre le Cameroun et le Congo. Deux tiers des réserves de fer du projet sont situés sur la ligne de Nabeba au Congo. Or, c’est depuis le 5 juin 2014 qu’une convention signée avec l’Etat du Cameroun donnait mandat à Sundance Resources de boucler en neuf mois le montage financier de ce projet qui devait coûter 3 900 milliards de F. Entre-temps, la chute des prix des matières premières et des minerais a aussi touché le fer. Comme l’a confié le Minepat face à la presse, le closing financier qui était bien avancé a été entravé avec la chute des cours du fer sur le marché international. « C’est un projet très important qui souffre de la conjoncture. Si elle évolue positivement, cela va changer beaucoup de choses puisque le projet doit participer à l’industrialisation. Le partenaire retenu pour la transformation est déjà connu », confiait alors Louis Paul Motaze.
Les prix du fer en baisse
Au moment des tractations, la tonne du minerai de fer frôlait encore les 100 dollars. Mais dès mars 2015, le cours de la tonne se négociait déjà à seulement 50 dollars. Soit la moitié des prévisions. En décembre 2015, le prix du fer s’établissait alors à 39,6 dollars (moins de 2400F, pour un dollar équivalent à 600F) la tonne. Soit une baisse de 14,2% sur un mois et en baisse de 42,4% sur un an. Raison avancée par des spécialistes, « l’abondance de l’offre et le ralentissement de la demande chinoise». 237online.com Conséquence pour le Cameroun, ou précisément à Mbalam dans l’Est du pays, le rythme de travail est en baisse. Dans la base-vie de Cam Iron, comme aux environs, aucune activité à proprement parler n’est réalisée. « Le phénomène est observé depuis plusieurs mois déjà, bientôt deux ans », selon Raoul Kouakam, chargé à Cam Iron des relations avec le gouvernement camerounais. Il sert de guide sur le site, ce 19 janvier 2016 pendant la visite du gouverneur de l’Est, Grégoire Mvongo. «Pour l’instant, l’entreprise Cam Iron a tout fait pour ne pas fermer ses infrastructures comme de nombreuses multinationales l’ont fait ailleurs. Mais, elle a été obligée de réduire ses dépenses. Un communiqué a d’ailleurs été publié à la bourse australienne, le 18 janvier 2016 indiquant que Cam Iron annonce une réduction de ses dépenses d’environ 80% », affirme Raoul Kouakam, tout en se voulant rassurant. S’il est donc vrai que la crise mondiale actuellement en cours affecte Cam Iron, il n’est pas pour autant question de fermer boutique. Loin s’en faut. «Cam Iron n’a pas annoncé la fermeture », tient à préciser notre source, rappelant qu’«au mois de décembre dernier, le chairman de Sundance Resources, est venu rencontrer le Premier ministre, chef du gouvernement, pour lui signifier de vive voix que Sundance Resources n’a aucunement l’intention de partir ni de fermer. 237online.com Il tient à développer ce projet avec le gouvernement du Cameroun. Pour l’instant, nous sommes là. Sundance Resources et Cam Iron sont bel et bien présentes sur ce site pour faire essentiellement de la maintenance », réitère Raoul Kouakam.
Lancement ajourné
Face à l’impasse dans laquelle se trouve ce projet structurant dont la matérialisation aurait pu avoir un effet induit sur la croissance, le gouvernement est désormais en première ligne des négociations. En décembre dernier à Sandton, en Afrique du Sud, durant le sommet du Forum de coopération Chine Afrique, beaucoup d’avancées ont été réalisées. Raoul Kouakam de Cam Iron le confirme d’ailleurs lorsqu’il déclare qu’« en ce moment, le Cameroun négocie un contrat avec un partenaire chinois, l’entreprise CGG (China Gezhouba Group Company) pour construire et financer l’infrastructure du projet d’exploitation du fer de Mbalam». Un contrat avec ce partenaire chinois devait être signé le 6 janvier dernier. 237online.com Mais avant cette date, le 4 janvier précisément, les partenaires chinois ont sollicité « un délai supplémentaire. Raison pour laquelle, on n’a pas, comme prévu, lancé la grande communication depuis le début du mois de janvier pour dire qu’on est parti», explique Raoul Kouakam. Ce point focal de Cam Iron reste au demeurant optimiste quant à l’exploitation de ce gisement, car il note qu’après la crise qui s’observe actuellement dans le gisement de fer de par le monde entier, les choses vont reprendre de plus belle « très bientôt ».