• 39 milliards de FCFA ont été injectés à travers la mise en œuvre de neuf projets
• Ces financements n’ont pas pu produire des résultats étincelants
• Le volume de production est en baisse de 50,7% par rapport à la campagne précédente
L’un des principaux marqueurs de l’échec de la politique de développement des filières cacao-café au Cameroun est le Plan de relance desdites filières, adopté par le gouvernement le 30 septembre 2014. Articulé autour de l’accroissement du financement de la recherche, la production et la distribution à grande échelle des plants produits à partir de semences améliorées, le traitement intégral du verger cacao-café, ainsi que la création de nouvelles et grandes plantations ; ce plan étendu sur la période 2015-2020 ambitionnait de porter la production nationale de fèves de cacao à 600 000 tonnes en 2020, et à 185 000 tonnes pour le café (robusta et arabica).
Mais, au bout du compte, l’échec a été retentissant. Alors que le Cameroun affichait une production caféière de 130 000 tonnes dans les années 90, le pays a enregistré une production commercialisée de seulement 12 157 tonnes, toutes variétés confondues, au cours de la campagne 2020-2021.
Au cours des 14 dernières années, le Fonds de développement des filières cacao et café (Fodecc), mis en place par l’État du Cameroun pour « assurer le financement et le paiement des prestations relatives à la relance et au développement des filières cacao et café », a injecté une enveloppe de 39 milliards de FCFA dans ces deux filières, à travers la mise en œuvre de neuf projets. Mais, apprend-on officiellement, au bout du compte, ces financements n’ont pas pu produire des résultats étincelants.
« L’évaluation du financement cumulé du premier guichet du Fodecc a révélé que le bilan du financement, soit 39 milliards de FCFA dépensés en quatorze années, ne semble pas en corrélation vertueuse avec l’état du verger, les volumes produits puis commercialisés, la qualité des produits commercialisés et plus grave encore le niveau de vie du producteur », confesse le Fodecc dans un document officiel.
« De ces constats partagés résulte l’insatisfaction unanime des acteurs des filières cacao et café, et le désir collectif d’explorer d’autres voies, dans la perspective d’un meilleur développement », soutient-on au Fodecc. Aussi, cette structure publique vient-elle de lancer un 2e guichet, qui ambitionne d’injecter 50 milliards de FCFA de subventions dans les filières cacao et café sur une période de 5 ans. Estimée à 6,3 milliards de FCFA, la première enveloppe comptant pour l’exercice 2021-2022 a commencé à être distribuée en juin 2022 aux producteurs de l’arrondissement de Melong, dans le département du Moungo, région du Littoral.
« Le guichet producteurs est le nouveau mécanisme qui va permettre aux producteurs de cacao et/ou de café des différents bassins agricoles du pays, de rentrer directement en possession des subventions gouvernementales de masse ou à la carte. Il s’agit d’un dispositif qui va révolutionner les filières cacao-café en repositionnant les agriculteurs locaux au cœur de la compétitivité du secteur, grâce à une information de choix, à des aides ciblées », soutient Samuel Donatien Nengue, l’administrateur du Fodecc.
De plus, ce volume est en baisse de 50,7% par rapport à la campagne précédente, selon les données compilées par l’Office national du cacao et du café (ONCC). L’on peut surtout observer que la piètre performance de la campagne caféière 2020-2021 surclasse même les 16 142 tonnes de la saison 2012-2013, qui avait été qualifiée par les acteurs de la filière café de campagne la plus mauvaise « des 50 dernières années ».