Du 4 au 6 septembre 2024, Beijing va vibrer au rythme de la 9ᵉ édition du Forum ChineAfrique. Également connu sous le nom de Forum sur la Coopération ChineAfrique (Focac), l’événement de cette année propose un espace innovant pour un dialogue d’un genre nouveau. À en croire de nombreux spécialistes des relations Chine-Afrique, le Forum traitera des transformations contemporaines et des défis qu’elles adressent aux deux parties. Aux côtés du président chinois Xi Jinping, l’on retrouvera le président congolais, Denis Sassou Nguesso en qualité de coprésident des assises. Sur l’agenda retenu figurent, entre autres, des réunions de haut niveau, des séances plénières, la Conférence des entrepreneurs chinois et africains et des réunions de consultation fermées. Selon des experts, il s’agit pour le Forum de ne pas être simplement un «colloque de plus». En effet, son format et ses contenus définissent un ordre du jour adossé sur trois nouveaux piliers du remodelage du système international que Pékin appelle de tous ses vœux. Il s’agit de la Global Development Initiative (GDI), de la Global Civilization Initiative (GSI) et de la Global Security Initiative (GSI). Mais, si le Focac s’est imposé comme un forum unique, il est encore largement façonné par une dynamique donateur-bénéficiaire, dans laquelle les pays africains restent en retrait tandis que la Chine prend l’initiative d’une grande partie de l’ordre du jour. Cela s’explique en partie par les faiblesses de la planification stratégique du côté africain. Alors que la Chine publie régulièrement des documents stratégiques complets sur l’Afrique, tels que les livres blancs de 2006, 2015 et 2021, les pays africains n’ont pas de stratégie cohérente à l’égard de la Chine. C’est, sans doute, la raison pour laquelle Chen Xiaodong, viceministre chinois des Affaires étrangères, parle du «bon moment» pour approfondir la coopération entre la Chine et l'Afrique. C’est pourquoi le Comité de pilotage du Forum a souhaité que la manifestation se conclue, solennellement, par l’adoption d’une Déclaration. Jusque-là, rien que de très traditionnel. Mais à dynamique nouvelle, nouvelle méthode d’élaboration. Ce n’est donc pas dans une salle à l’écart des ateliers et des séances plénières que cette Déclaration sera élaborée. Les membres du Comité de pilotage ont en effet souhaité qu’un projet de texte énonçant, de manière concise, des préoccupations, un diagnostic, et un plan d’action consensuel soit largement débattu. C’est aussi pourquoi la rencontre revêt plusieurs enjeux économiques. D’abord, il est question d’évaluer les engagements pris à Dakar en 2021. En effet, la Chine s’était engagée à lancer 10 projets agricoles supervisés par 500 experts agricoles chinois; à initier neuf autres projets dans les domaines de la santé, de l’innovation digitale, du développement vert et des domaines culturels. La Chine s’était également engagée à créer un centre yuan transfrontalier Chine-Afrique afin d’offrir aux institutions financières africaines une ligne de crédit de 10 milliards de dollars, sans oublier la promesse liée aux doses de vaccins. On ne saurait oublier qu’en 2022, Pékin avait procédé à la réduction des droits de douane sur 98% des importations taxables en provenance du Bénin, du Burkina Faso, de Guinée-Bissau, du Lesotho, du Malawi, de Sao Tomé, de la Tanzanie, de l’Ouganda et de la Zambie. Cette décision n’a malheureusement pas porté ses fruits et la balance commerciale est restée déséquilibrée. En 2023 par exemple, les exportations chinoises vers l’Afrique s’élevaient à 172 milliards de dollars tandis que les importations se situaient autour de 109 milliards de dollars. De même, des échanges sur la Small and Beautiful Initiative permettront à Xi Jinping de mieux expliquer à ses partenaires africains les contours de cette nouvelle approche d’investissements en contexte de Belt and Road Initiative.