Le dispositif Simbox mis en place par des cybercriminels fait perdre environ quatre milliards d’impôts par an à l’Etat.
Les initiés les appellent les « Sims mamba ». Ces puces qui permettent d’effectuer des appels internationaux de longue durée à prix cadeaux. Dans ces cas, c’est le numéro de l’opérateur de téléphonie mobile local (MTN, Orange, Nexttel…) qui s’affiche, sans indicatif, sur l’écran de celui qui le reçoit. D’où les incompréhensions de certains utilisateurs lorsqu’ils reçoivent des appels de l’étranger qui se signalent avec un numéro local.
De manière générale, ces communications reviennent pratiquement au même coût qu’un appel local entre deux numéros d’un même opérateur. La plupart du temps, l’utilisateur qui souscrit à l’offre, n’est pas informé de la supercherie. Derrière lui, des intervenants classés dans la catégorie « cybercriminels » se servent d’un instrument non-homologué appelé Simbox ou passerelle GSM.
C’est un boîtier équipé de cartes Sim de divers opérateurs et connecté au haut-débit. Le dispositif de terminaison d’appels transforme les appels internationaux en appels locaux. La communication y est souvent de mauvaise qualité et connaît beaucoup d’interférences et de coupures. Le correspondant ne peut être rappelé non plus.
Plus de 100 millions de minutes d’appels ont été détournées depuis le début de cette année par les gérants de Simbox. Clandestins, ils ne paient ni taxes, ni impôts. Résultat, l’Etat enregistre une perte d’environ 4,2 milliards de F sur ses recettes fiscales.
Le dispositif de fraude handicape également les opérateurs de téléphonie mobile qui sont à près de 18 milliards de F perdus en 2015. C’est dans ce contexte que s’est tenu hier à Yaoundé, un sommet visant à enrayer la fraude sur les Simbox au Cameroun et établir un environnement plus favorable à l’utilisation des TIC pour la croissance économique.
Les travaux initiés par la fondation Tandeng Muna et MTN Cameroun, ouverts par le ministre des Postes et Télécommunications (Minpostel), Minette Libom Li Likeng, ont permis aux participants (régulateur, opérateurs de télécoms, hommes de droit…) de plancher sur des moyens de lutte contre le contournement illégal des communications.
Pour le directeur général adjoint de MTN, Serge Esso, « l’engagement de MTN dans la lutte contre la fraude par Simbox est le premier pas pour une lutte globale contre ce phénomène très étendu mais très peu connu ». La création d’un comité multisectoriel a été proposée pour faire face au phénomène.